Météo et climat
Un dicton anglais revient souvent lorsqu’il s’agit de décrire la différence entre la météo et le climat : « Climate is what you expect, weather is what you get », qui pourrait se traduire par: « le climat est ce à quoi vous vous attendez, la météorologie est ce que vous obtenez ». Étonnamment, c’est à l’auteur américain Robert A. Heinlein* plutôt qu’à un scientifique que l’on doit cette formule si inspirée.
La météorologie fait référence à la description et à la prévision de l’état de l’atmosphère à court terme (pour des périodes allant de quelques heures jusqu’à environ dix jours) à travers des variables comme la température, le type et la quantité de précipitation, la pression atmosphérique, l’humidité, la couverture nuageuse, l’ensoleillement, etc. Les modèles de prévision météorologique tentent de prédire, avec la plus grande précision possible, quel sera l’état de l’atmosphère à un moment et en un lieu donné. Une prévision réussie se réalise au temps et au lieu voulus.
Pour produire une prévision, un modèle de prévision météorologique doit démarrer une simulation de courte durée à partir de conditions initiales les plus précises possibles. Elles sont fournies au modèle sous la forme d’une analyse générée par un système d’assimilation des données observées de l’atmosphère, de l’océan et des surfaces terrestres.
La climatologie s’intéresse aux caractéristiques statistiques des mêmes variables sur au moins trois décennies. À partir de séries multidécennales de valeurs représentant l'évolution dans le temps de variables météorologiques, il est possible d’en calculer la moyenne et la variabilité afin de déterminer ce que l’on appelle les normales de saisons, définies pour une période de référence de 30 ans, pour une région donnée. En plus des normales et de la variabilité, le climat se définit également par les périodes de retour des évènements extrêmes ainsi que par des records historiques, tels que la plus haute température maximale jamais enregistrée pour un jour donné, ou encore la plus grande accumulation de neige en 24 heures.
Pour étudier le climat du passé (ou climat historique), les séries de données multidécennales requises peuvent provenir d’observations ou encore de simulations de longue durée réalisées par des modèles climatiques. D’autre part, l’étude du climat futur repose exclusivement sur les données simulées par des modèles climatiques.
Le succès d’une simulation climatique du passé (par exemple : sur la période historique moderne 1995-2014 du 6e Rapport du GIEC ou sur la période 1990-202# de l’OMM) ne se traduit pas par sa capacité de reproduire la séquence précise des évènements météorologiques observés dans le passé, mais bien de générer, pour les variables simulées, des caractéristiques statistiques telles que les normales, la variabilité et les tendances, semblables à celles des observations recueillies.
L’étude du climat futur repose sur une approche prospective plutôt que prédictive, car elle tient compte, pour un horizon futur (ex. 2041-2070), d’une évolution plausible de l’état de la population mondiale et de ses conditions socioéconomiques qui est traduite en scénario d’émissions de gaz à effet de serre. Une simulation climatique basée sur un scénario futur de gaz à effet de serre est une projection climatique. Son but n’est pas de prédire le temps qu’il fera en un lieu et en un jour précis, mais plutôt de voir si les gaz à effet de serre décrits par le scénario d’émission affecteront les normales, la variabilité ou les tendances des diverses variables météorologiques d’une région sur un horizon donné. Ainsi, on prévoit la météo du prochain weekend, mais on projette le climat futur vers le milieu ou la fin du siècle.
Le fait que ces deux disciplines soient de si proches parentes contribue à alimenter la confusion. D’ailleurs, les phénomènes qui influencent la météo et le climat sont les mêmes, tout comme les équations mathématiques utilisées dans leurs modèles. Avec les années, les modèles de prévisions météorologiques et les modèles climatiques se ressemblent de plus en plus. Toutefois, ils ne sont pas opérés de la même manière ni dans le même contexte. Par exemple, les modèles météorologiques ont besoin du portrait observé de l'état de l'atmosphère fournit par une analyse ce qui n'est pas nécessaire pour les modèles de climat.
C’est pourquoi la distinction entre la météo et le climat n’est pas toujours claire pour les non-spécialistes. À titre d’exemple, lors de tempêtes de neige, on entend souvent parler de conditions climatiques difficiles alors qu’il faudrait plutôt parler de conditions météorologiques difficiles.
Cela dit, les occasions de combiner des informations de natures météorologique et climatique sont nombreuses. Par exemple, lorsqu’un bulletin météorologique officiel fait explicitement référence à du temps froid, c’est que la température enregistrée ou prévue dans les heures qui suivent se retrouve en deçà des normales de saison et s’en écarte au-delà de la variabilité interannuelle de la région concernée. C’est donc dire que le temps qualifié de froid n’a rien à voir avec notre perception subjective, mais plutôt avec la mise en relation de la température enregistrée ou prévue avec les caractéristiques climatiques historiques de la région établies sur 30 ans d’observations.