Capacité de régénération suite aux feux/coupes, de remise en production et de croissance des peuplements juvéniles/immatures en forêt boréale
Les résultats permettront aux gestionnaires forestiers d’évaluer dans quelle mesure et avec quelles pratiques la foresterie pourrait être développée dans ces territoires du nord en tenant compte des perturbations naturelles influencées par les changements climatiques.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
Le sud de la forêt boréale canadienne est une source importante de fibre pour l’industrie forestière en plus d’être un réservoir significatif de carbone, tant au niveau de la forêt que des sols. Cette forêt, principalement composée d’épinette noire, est aménagée de manière durable sur la base de sa productivité actuelle. Dans sa frange nord, la forêt fermée commerciale devient de plus en plus ouverte.
Les changements climatiques auront des effets d’autant plus marqués aux latitudes de la forêt boréale canadienne. L’effet combiné des perturbations naturelles et de l’aménagement, des conditions biophysiques, météorologiques et climatiques peut avoir des répercussions importantes sur la croissance et la régénération des forêts, ainsi que sur la dynamique des systèmes écologiques et entraver la capacité d’y réaliser un aménagement forestier durable.
Objectif(s)
Mieux comprendre les facteurs qui affectent la densité et la croissance des peuplements situés aux limites de la forêt boréale fermée suite à des perturbations naturelles ou à des traitements sylvicoles, dans une perspective d’aménagement forestier durable.
Démarche
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Évaluation et comparaison de la croissance et de la régénération des forêts après coupes et après feux afin d’identifier les facteurs responsables de la résilience des forêts après perturbations.
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Reconstruction de la dynamique des incendies et de leurs impacts sur le fonctionnement des forêts à une échelle de temps pluriséculaire.
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Modélisation des paysages futurs en tenant compte des perturbations naturelles et anthropiques.
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Développement de pratiques et de stratégies d’aménagement forestier visant à maintenir le maximum de forêts fermées dans un contexte de changements climatiques.
Résultats
Le Rapport du Comité scientifique chargé d'examiner la limite nordique des forêts attribuables (Ministère des Ressources naturelles du Québec, 2013) distinguait des portions de la forêt boréale où le risque pour la pratique d'un aménagement durable était qualifié d'élevé à faible. Le présent projet visait à documenter l'effet des changements climatiques sur cette zonation et à suggérer des stratégies d'adaptation.
Le projet a permis de prendre la mesure du risque que posent les accidents de régénération dans les territoires où les cycles de feu sont courts ou très courts. Après quelques décennies, des pertes de superficies productives s'accumuleront de manière significative. Ces pertes de territoire productif auxquelles s'ajoutent les diminutions de production sur d'autres territoires demeurés productifs affecteraient considérablement la production ligneuse attendue dans les prochaines décennies.
Le projet a également permis de prendre la mesure du risque que pose la paludification dans les territoires situés sur le till de Cochrane, c'est-à-dire la partie nord-ouest de la ceinture d'argile qui parcourt l'Ontario et le Québec, entre le district de Cochrane et l'Abitibi- Témiscamingue.
Les projections liées aux changements climatiques ne montrent pas d'amélioration sensible aux contraintes actuelles. On prévoit en effet davantage de feux et une productivité incertaine qui pourrait devenir plus faible.
Malgré l'augmentation prévue des feux, ceux-ci ne peuvent que rarement augmenter la productivité de sites déjà gravement paludifiés. Au fil du temps, le feu prélèvera une quantité de bois qui devra être soustrait des approvisionnements. Comme au fur et à mesure du rajeunissement de la structure d'âge de la forêt, de plus en plus de peuplements jeunes et non marchands brûleront, les coupes de récupération offre peu d'options de mitigation.
Des solutions existent pour diminuer l'ampleur des problèmes documentés mais leur efficacité est variable et elles mobiliseront des parts importantes des budgets sylvicoles et de voirie.
Figure 1. Synthèse de la sensibilité potentielle de l’épinette noire et du pin gris à l'augmentation de la température et à la sécheresse en fonction des stades de recrutement post-feu. La sensibilité à la température (T °) et la sécheresse sont classées parmi les espèces selon un gradient allant de très sensible (----) à insensible (~) (Boucher et al. 2019).
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Les résultats du projet aideront à la mise au point d'une approche de gestion du risque qui permettra de prendre des décisions d'aménagement en contrôlant les facteurs
de risque qui peuvent compromettre le succès des stratégies d'aménagement.
Les résultats s'appliquent plus généralement à l'ensemble de la forêt boréale canadienne. Les retombées sont donc importantes pour le maintien d'une
industrie forestière qui joue un rôle de premier plan dans l'économie canadienne.
Les stratégies d'aménagement devraient prendre en compte les problèmes potentiels selon le niveau de risque que l'on peut leur associer dans toutes
les portions de la forêt boréale.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Autres participants
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Bureau du forestier en chef
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Coopérative de solidarité en recherche et développement forestier de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord du Québec
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Direction de la recherche forestière et Direction des inventaires forestiers, Ministère des Forêts, Faune et Parcs
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Centre de recherche en foresterie des Laurentides, Service Canadien des Forêts
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Université Laval
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Université de Montpellier
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Université de Montréal