Cartographie des acteurs impliqués dans l'adaptation aux changements climatiques et la résilience à l'échelle de la ville de Montréal
Les acteurs de l’adaptation possèdent désormais un portrait à jour des liens qui les unissent, ce qui amène une meilleure connaissance des activités de chacun, une considération de sa position pour la planification stratégique, et une utilisation dans ses activités quotidiennes en termes d’identification des alliés et compétiteurs.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
L’adoption et la mise en œuvre de réformes découlent le plus souvent de la collaboration d’acteurs en réseau qui transmettent de l’information, échangent des idées et créent un momentum pour l'adoption de solutions. Les recherches démontrent que ces réseaux jouent un rôle central pour faire face à des problèmes complexes, notamment dans le domaine de l’environnement.
Toutefois, l'étendue, les composantes, la structure et le fonctionnement du réseau sont souvent méconnus par ceux qui en font partie et qui en dépendent. Pourtant, pour être plus efficaces et atteindre leurs objectifs, les organisations ont intérêt à bénéficier d’une analyse nuancée de la condition des réseaux auxquels elles participent.
Objectif(s)
Dresser le portrait du réseau d’acteurs de la Ville de Montréal pour l’adaptation et le développement de la résilience face aux changements climatiques en analysant la structure, la nature des liens ainsi que les forces et faiblesses du réseau en matière de coordination.
Démarche
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Délimitation des frontières du réseau de gouvernance de l’adaptation et de la résilience aux changements climatiques à l'échelle de la Ville de Montréal;
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Développement d'un questionnaire qui portera sur la structure et la condition du réseau afin d’analyser ente autres les facteurs suivants : rôle des idées; réseaux informels; capital social; facteurs de coordination;
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Analyse de données avec le logiciel SPSS pour des analyses bidirectionnelles et multivariées de variance, des analyses de régression multiple et des analyses de covariance;
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Développement d'une méthodologie avec les acteurs pour rendre la cartographie dynamique et actuelle.
Résultats
Le projet a permis de constituer une cartographie des acteurs de l’adaptation (Fig.1) qui démontre que le réseau est très uniforme. Pour un réseau dans un domaine aussi intersectoriel et interniveau que l’adaptation aux changements climatiques, on aurait pu s’attendre à plusieurs sous-groupes, reliés entre eux par des intermédiaires chargés de la concertation.
Fig 1. Cartographie des acteurs en adaptation aux CC à Montréal. La taille des points représente le degré (nombre de liens). Les couleurs représentent les sous-groupes identifiés par le logiciel (groupe d’organisations ayant plus de liens entre eux qu’avec les autres). Ils correspondent quelque peu aux échelles. Jaune et vert = verdissement, niveau local; bleu = acteur de planification (réglementations, plans d’adaptation); orange inclut certains intermédiaires.
Le réseau présente un grand nombre d’interactions entre niveaux (Fig. 2) et secteurs (Fig.3), bénéfique pour un réseau en adaptation. On observe néanmoins un manque de relations avec le milieu universitaire (Fig.3).
Figure 2 - Liens entre les divers niveaux | Figure 3 - Liens entre les divers secteurs
Le plus grand nombre de liens entre secteurs se trouvent dans le triangle OSBL - communautaire - public et ces liens sont caractérisés par de fortes dépendances, mais des liens plutôt faibles. La densité du réseau (pourcentage de liens par rapport au total possible) est plutôt faible (9.4 %), mais les organisations clés sont plus liées entre elles (densité de 44 % pour celles avec plus de 20 relations).
La centralisation (mesure de la forme en étoile du réseau autour d’un acteur central) place la Ville de Montréal (Ville-centre) au centre, avec une assez haute centralisation (0.35). Une centralisation élevée facilite la coordination en cas de crise, mais elle donne un grand pouvoir de contrôle sur les flots d’information à l’acteur central. Comme la Ville a de plus une haute centralité d’intermédiarité, ce qui signifie qu’elle lie beaucoup d’acteurs autrement non liés, un manque de cohésion interne pourrait couper des chaînes d’information.
On observe que la majorité des liens sont des liens de collaboration (63 %, sachant qu’un lien peut être de plusieurs types), qui sont typiquement faibles, puis en deuxième ordre des liens de partage d’information, de connaissances ou de compétences (36 %). On observe des liens plus forts entre les niveaux plus élevés, encouragés par une facilité à se joindre et une simplicité administrative. Au niveau plus local, les liens sont plus faibles, mais caractérisés par des objectifs et des valeurs en commun. Les acteurs sont prêts à maintenir une relation plus difficile en présence d’objectifs communs, qui sont le vrai moteur des relations.
Dans un réseau de collaboration uniquement, les acteurs locaux de concertation sont les acteurs clés (Corporations de développement communautaire (CDC), Coalition montréalaise des Tables de quartier (CMTQ)) et les niveaux plus élevés sont absents. Dans les acteurs qui financent l’adaptation et la résilience, on observe beaucoup d’organisations qui servent uniquement à faire le relais. Les répondants ont été interrogés sur les liens volontairement inexistants et les raisons derrière ces anti-liens.
On observe de tels anti-liens entre les secteurs publics et OSBL ainsi que privé et OSBL. Ils sont causés par une crainte de l’impact de la relation sur l’image de son organisation et par une tentative de contrôle du privé/public qui poussent des organismes sans but lucratif à éviter les relations pour maintenir leur indépendance.
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Les acteurs de l’adaptation possèdent désormais un portrait à jour des liens qui les unissent, ce qui amène une meilleure connaissance des activités de chacun, une considération de sa position pour la planification stratégique, et une utilisation dans ses activités quotidiennes en termes d’identification des alliés et compétiteurs.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Autres participants
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Ville de Montréal