CASCADES : Conséquences Attendues Survenant en Contexte d’Aggravation des Déficits d’Eau Sévères au Québec
Ce projet documente, analyse et projette les conséquences des manques d'eau sous l'angle de leurs effets en cascades sur le bien-être des populations humaines et des écosystèmes.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
Au cours des dernières années, le Québec a connu des évènements de déficits en eau sévères, notamment lors des étés 2020 et 2021. Ces déficits en eau s’aggraveront en durée, en ampleur et en sévérité lors des prochaines décennies en raison des changements climatiques. De plus, malgré l’importance grandissante de cette problématique, les conséquences pour les écosystèmes et les usages anthropiques demeurent très peu documentées et difficiles à projeter dans les prochaines décennies au Québec.
Ainsi, le projet CASCADES vise à développer les connaissances nécessaires pour préparer et adapter le Québec face à la détérioration attendue de la disponibilité de la ressource en eau.
Webinaire | 10 avril 2024
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Objectif(s)
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Faire ressortir les principales conséquences des épisodes d’étiages sévères sur les écosystèmes, les usages anthropiques, la santé et le bien-être des populations
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Identifier les régions hydrologiques les plus susceptibles d’être affectées dans le futur
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Identifier les lacunes en matière de compréhension des enjeux et les impacts entourant la disponibilité en eau en période d’étiage sévère et sur les écosystèmes afin d’orienter les travaux de recherche futurs
Démarche
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Revue de la documentation sur les conséquences des étiages sévères et épisodes de manque d’eau sévères sur les écosystèmes, les usages anthropiques, la santé et le bien-être des populations
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Collecte de données portant sur le recensement des pires évènements de manque d’eau survenus sur le territoire québécois sous gestion intégrée de l’eau par bassin versant et de leurs conséquences observées
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Développement de trames narratives via des scénarisations hydrologiques et socioéconomiques
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Projection des conséquences attendues sur les usages anthropiques
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Caractérisation des conséquences attendues sur les usages anthropiques
Résultats
Le recensement des épisodes de manques d’eau des dernières années a permis de décrire les multiples enjeux et conséquences subies sur le territoire québécois, particulièrement dans le sud de la province : difficulté d’approvisionnement en eau de surface et en eau souterraine pour plusieurs municipalités et résidents détenant des puits privés, augmentation des coûts de traitement de l’eau notamment en raison de la diminution des facteurs de dilution, interdictions d’usages extérieurs de l’eau, difficulté d’irrigation pour des producteurs agricoles et diverses conséquences pour le nautisme.
Pour les épisodes de manques d’eau futurs, sans adaptation ou anticipation dans la gestion intégrée de la ressource « eau », l’ensemble des conséquences déjà vécues lors de ses évènements antérieurs seront exacerbées en 2045 (scénario +2°C) et en 2065 (scénario +3°C)Ce sera particulièrement le cas dans les basses terres du Saint-Laurent, touchant de plein fouet le sud du Saint-Laurent (Montérégie, Estrie, Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches) (Figure 1).
Sept conséquences sur les usages anthropiques ont été identifiées comme prioritaires :
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L’incapacité à répondre aux besoins prioritaires et essentiels de la population par les municipalités
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L’incapacité à répondre aux besoins prioritaires et essentiels de la population par les puits privés et les coûts additionnels engendrés
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L’arrêt des développements résidentiels
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Les risques accrus d’avis d’ébullition et de non-consommation
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L’augmentation des coûts liés à l’irrigation pour le secteur agricole
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La baisse de rendement dans le secteur agricole
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Une tension croissante entre les différents usagers de l'eau dans les bassins avec réservoirs
De plus, les conséquences les plus préoccupantes des étiages sévères pour les écosystèmes sont liées à la réduction de la qualité de l’eau et les modifications de l’habitat du poisson selon la revue de littérature et la consultation d’experts. En effet, la modification des paramètres physico-chimiques de l’eau (réduction de l’O2, variation du pH naturel des cours d’eau, augmentation des températures, etc.) ou l’augmentation des phénomènes d’eutrophisation sont susceptibles de modifier profondément la richesse biologique des cours d’eau et de générer des débalancements importants dans les populations des espèces aquatiques.
Figure 1 : Nombre de conséquences projetées d’épisodes de manque d’eau sévère selon les scénarios de réchauffement planétaire de +2 °C (2045) et +3°C (2065) par rapport à la période pré-industrielle 1850-19.
Ainsi, le projet a permis d’identifier des connaissances à développer en priorité. Il s’agit par exemple pour les usages anthropiques : les conséquences sur les usages industriels et commerciaux, les conséquences sur la santé physique et mentale, le bien-être des populations touchées par les épisodes de manque d’eau sévère, incluant les populations autochtones et sur le climat social, le recensement et l’analyse des conflits d’usage, la vulnérabilité opérationnelle des installations de production d’eau potable en climat futur, l’évaluation de la qualité de l’eau des puits privés en période d’étiage/sécheresse et implications pour la santé publique ou encore la priorisation des usages de l’eau en contexte de sécheresse.
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Les résultats du projet CASCADES permettent de poser un regard à large échelle sur l’état des connaissances sur les conséquences des manques d’eau au Québec, autant pour les épisodes historiques que pour ceux qui pourraient frapper le Québec dans les prochaines décennies.
Pour les décideurs et les différents usagers de l’eau, CASCADES permet d’avoir une meilleure compréhension des régions les plus à risque au Québec ainsi que des principales conséquences à venir en cas de dégradation de la disponibilité de l’eau. Les résultats serviront à amorcer la prise de décision en adaptation, notamment en priorisant les régions les plus à risque.
Enfin, les lacunes identifiées permettront d’orienter les travaux futurs en vue d’acquérir les connaissances nécessaires à l’adaptation aux manques d’eau.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Autres participants
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Jérémie Roques (ROBVQ)
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Bertrand Montel (AGÉCO)
Projets connexes
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