Choix des graminés fourragères et des mesures d’atténuation du stress thermique des vaches sur les fermes laitières québécoises dans un contexte de changements climatiques
Les résultats de ce projet permettent aux gestionnaires des fermes laitières de mieux choisir des mélanges fourragers adaptés aux conditions climatiques actuelles et futures. Ils fournissent également des solutions afin de diminuer le risque de stress thermique dans les étables pendant les épisodes de forte chaleur estivale.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
L’adaptation aux changements climatiques de la filière laitière québécoise est essentielle car la production laitière fait partie intégrante de la vitalité économique et sociale du Québec. Elle génère 6,15 milliards de dollars au PIB canadien et crée 82 661 emplois.
Avec l’évolution du climat, l’avantage actuel de la fléole des prés, graminée fourragère la plus populaire au Québec et adaptée aux conditions fraîches et humides, sera diminué par rapport à d’autres graminées fourragères. L’option des mélanges fourragers demeure d’actualité, mais demandera l’utilisation d’espèces mieux adaptées aux nouvelles conditions climatiques.
L’évolution du climat affectera également l’environnement thermique dans lequel évolue la vache laitière et pourra potentiellement avoir des effets majeurs sur ses performances, et ultimement sur celles de l’industrie laitière. La pression exercée par le stress thermique sur les vaches est présentement un des plus grands défis associés au climat dans plusieurs régions du monde et deviendra vraisemblablement aussi une problématique au Canada, considérant les changements climatiques projetés.
Objectif(s)
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Évaluer les répercussions potentielles des changements climatiques sur de nouvelles recommandations d’associations fourragères, ainsi que sur les performances des vaches dans les fermes laitières du Québec.
Démarche
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Réalisation d’une enquête sur les perceptions des producteurs laitiers québécois concernant les changements climatiques;
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Caractérisation des conditions de stress thermiques actuelles sur six fermes laitières moyennes québécoises;
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Modélisation des impacts du stress thermique sur les performances des vaches laitières au Québec au cours du passé récent;
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Calcul de projections de rendements potentiels pour de nouvelles associations d’espèces fourragères et évaluation de l’évolution attendue des risques de stress thermiques et de leurs effets sur les performances des vaches laitières du Québec selon différents scénarios climatiques;
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Analyse des répercussions sur les résultats technico-économiques et agroenvironnementaux des fermes laitières québécoises;
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Identification des principales mesures d’adaptation aux changements climatiques utilisées sur les fermes laitières au Québec et ailleurs en Amérique du Nord;
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Analyse de la mise en oeuvre de différentes mesures d’adaptation aux changements climatiques sur les résultats technico-économiques et agroenvironnementaux (bilan N et P, production de GES) des fermes laitières québécoises
Résultats
Les résultats de l’enquête menée auprès de 194 producteurs laitiers québécois en 2016 a démontré que certains impacts associés aux changements climatiques sont déjà perceptibles dans le sud de la province (augmentation du nombre de coupes par saison, mortalité hivernale de la luzerne).
Les producteurs questionnés anticipaient un impact plus important des changements climatiques sur les cultures que sur les animaux (Figure 1). D’ailleurs, la majorité des répondants considérait que l’état actuel de leur étable permettrait de limiter les impacts potentiels des changements climatiques sur les animaux.
Figure 1. Département de l’entreprise sur lesquels l’impact des changements climatiques sera le plus important selon les réponses des répondants
Les projections des rendements et de la valeur nutritive simulée des associations fourragères sur les fermes laitières virtuelles types de la région du Bas-Saint-Laurent et de la Montérégie pour les périodes 2020‒2049 et 2050‒2079 ont indiqué que l’association fétuque des prés et luzerne obtenait les rendements les plus élevés alors que l’association brome de prés et luzerne obtenait le plus haut niveau de protéines brutes.
Les rendements supérieurs de l’association fétuque élevée et luzerne lui permettent d’obtenir les bénéfices nets les plus élevés au Bas-Saint-Laurent alors que l’association brome et luzerne obtient les meilleurs résultats en Montérégie. C’est d’ailleurs ces deux mêmes associations qui permettent d’obtenir les bilans azote et phosphore les plus faibles dans leur région respective. Finalement, les bilans GES sont comparables entre toutes les associations.
La caractérisation des conditions climatiques des fermes étudiées a démontré que l’indice de température-humidité estivale moyen était déjà en mesure de provoquer un stress thermique chez la vache laitière. De plus, nos résultats ont démontré que l’accumulation de journée avec un indice de température-humidité supérieur à 65 (indicateur de stress thermique) était associée avec une diminution de la production quotidienne de gras et de protéines du lait des vaches laitières.
Les productions de gras et de protéines projetées dans le futur (périodes 2020‒2049 et 2050‒2079) sous six scénarios climatiques étaient inférieures à celles obtenues pendant une période de référence (1971‒2000) du fait d’une augmentation du nombre de jours avec un indice de température-humidité élevé (stress thermique) (Figure 2). Les performances des animaux pourraient donc diminuer dans le futur si aucune stratégie d’atténuation n’est mise en place.
Figure 2. Moyenne (± écart-type) du nombre annuel de jours avec un indice de température-humidité (ITH) plus grand que 65 et par classe d’ITH selon deux scénarios climatiques pour trois périodes. La figure montre une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de stress thermique dans le futur
Ces diminutions se traduiraient par des pertes monétaires pouvant atteindre un maximum de 583 et 574$/vache/an au Bas-Saint-Laurent et en Montérégie respectivement. Ultimement, l’ajout de ventilateurs de recirculation s’est avéré rentable pour les producteurs laitiers du Bas-Saint-Laurent et de la Montérégie pour les deux horizons temporels futurs considérés.
Pour sa part, l’ajout d’un système de brumisation était seulement profitable en Montérégie pour les deux périodes futures.
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Visant ultimement à optimiser la durabilité de la filière laitière québécoise, les résultats obtenus permettent de fournir des recommandations concrètes s’adressant aux gestionnaires des fermes laitières pour choisir des mélanges fourragers adaptés aux conditions climatiques actuelles et futures ainsi que des solutions pour diminuer le risque de stress thermique dans les étables pendant les épisodes de forte chaleur estivale.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Autres participants
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Agriculture et Agrolimentaire Canada
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University of Madison -Wisconsin
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Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)
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Université Laval
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Valacta