Conservation et gestion des habitats de nidification de la sauvagine et d’autres oiseaux aquatiques en lien avec les changements climatiques

Le Québec accueille annuellement une large proportion des populations d’oiseaux aquatiques pour leur nidification.

• Plus de trois millions de canards, d’oies et de cygnes appartenant à une quarantaine d’espèces;

• Plus de 50% de la population globale de canard noir;

• Plus de 20% de celles d’autres espèces, notamment des harles et macreuses,

• Certaines sous-espèces d’eiders et populations de bernaches.

Afin de conserver des populations viables de chaque espèce, mais aussi pour maintenir certaines espèces au-dessus des seuils minimums d’exploitabilité afin de soutenir les services écologiques associés à la récolte de subsistance et à la chasse sportive, il est primordial d’identifier les zones d’habitat les plus propices pour la sauvagine dans un contexte de changements climatiques.

• Développer des outils d’adaptation aux changements climatiques dans l’Est du Canada, pour appuyer les stratégies de conservation et de gestion des habitats de sauvagine et d’oiseaux aquatiques (grue du Canada, etc) avec l’accent mis sur le Québec;

• Maintenir la diversité des habitats de sauvagine et les services écologiques qu’ils fournissent en prenant en compte les enjeux socio-économiques associés.

• Déterminer les effets que les changements climatiques ont eu sur la répartition et l’abondance de la sauvagine et d’autres oiseaux aquatiques durant la reproduction dans l’Est du Canada ;

• Construire des modèles de niches bioclimatiques de la répartition et de l’abondance actuelles des espèces de sauvagine et prédire les effets que les changements climatiques auront dans le futur (2018-2040, 2041-2070 et 2071-2100) ;

• Déterminer des refuges climatiques potentiels pour ces espèces, en vue de guider la planification de la conservation des habitats de reproduction dans l’Est du Canada ;

• Développer un modèle de co-occurrence du canard noir et du canard colvert pour déterminer l’empiétement du colvert sur l’habitat du canard noir en fonction des changements climatiques et de scénarios d’aménagement forestier et d’affectation des usages du territoire, de manière à adapter la gestion de ces deux espèces ;

• Déterminer les facteurs qui expliquent la présence de la grue du Canada dans plusieurs types d’habitats et construire un modèle prédictif de la colonisation/extinction de la grue dans ces paysages en vue de faciliter l’adaptation des pratiques agricoles.

Cette étude constituait le premier projet d’envergure sur la sauvagine et les changements climatiques au Québec. Cette étude fournit des informations essentielles sur la répartition actuelle et future de la sauvagine durant la nidification et sur les enjeux émergents de sa conservation, tant en regard de la biodiversité que des services écologiques et des contre-services rendus aux humains.

Les résultats montrent que la zone située entre 46-51°N et 70-79°O devrait être un futur point chaud pour la conservation de la diversité de sauvagine en servant à la fois de refuge pour des espèces boréales et méridionales (Figure 1).

Figure 1. Projections d’abondance des canards

Cependant, le garrot d’Islande, déjà en péril dans l’est du Canada, pourrait disparaître car sa niche climatique se déplacera vers le nord, au-delà des zones de forêts matures lui fournissant des cavités de nidification. La grue du Canada, confirmée nicheuse au Québec depuis 1981, est en augmentation exponentielle dans cette même zone où elle se nourrit dans les cultures céréalières, particulièrement en Abitibi-Témiscamingue et au Lac-St-Jean. La grue ne semble pas en voie de causer des dommages aux cultures dans les basses-terres du Saint-Laurent, du moins pas à court terme. Quant à l’eider à duvet, l’étude-pilote suggère qu’avec la hausse du niveau de l’eau dans l’estuaire du St-Laurent, les 10 îles abritant les plus grandes colonies (87% des 45 000 eiders de l’estuaire)
pourraient subir des inondations régulières complètes (7 îles) ou partielles (3 îles) d’ici 2100; les modèles préliminaires de l’utilisation des îles permettent d’entrevoir où les eiders pourraient se déplacer. Une ébauche de cadre d’analyse
socio-économique de solutions potentielles d’adaptation a été élaborée pour les enjeux liés à la diversité de sauvagine, à la co-occurrence canard noir/canard
colvert et à la grue du Canada.

Des rencontres avec les partenaires du projet ont permis de déterminer une liste d’intrants/attributs pour chaque enjeu et faire un premier tri des solutions potentielles d’adaptation.

Les quatre volets de l’étude fournissent des outils d’adaptation de la gestion de la sauvagine dans un contexte de changements climatiques, dont :

• De futurs points chauds pour le maintien de la diversité de sauvagine et des zones prioritaires pour la conservation future (tant pour les espèces avantagées et désavantagées) dans l’est du Canada;

• Un modèle prédictif préliminaire de l’utilisation des îles de nidification dans l’estuaire du Saint-Laurent pour l’eider à duvet, l’espèce de sauvagine qui procure le plus de services écologiques dans ce territoire; 

• Des modèles de colonisation et extinction pour la grue du Canada dans le Québec méridional (Figure 2). Omnivore et opportuniste, elle niche en milieu humide ouvert et se nourrit aussi de plantes céréalières en milieu agricole où elle cause des dommages aux récoltes; 

• Une liste de mesures d’adaptations envisageables pour la gestion de la sauvagine et un cadre d’évaluation socio-économique pour les évaluer.

Figure 2. Dynamique annuelle de la grue du Canada

• Environnement et Changement climatique Canada

• Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

• Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

• Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

• Hydro-Québec