Vulnérabilité des populations de crevette nordique aux changements climatiques et globaux le long de la côte est du Canada - de la ressource naturelle aux communautés côtières

La crevette nordique (Pandalus borealis) est une des espèces exploitées les plus importantes dans l'est du Canada avec 489 millions de dollars en exportations en 2014 (MAPAQ, 2015). C’est un moteur de développement économique pour de nombreuses communautés côtières de l’est du Canada éloignées des grands centres économiques.

Depuis quelques années, les populations de crevette nordique semblent en déclin, particulièrement dans le sud de leur aire de répartition géographique (Maine, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse).

Les changements climatiques et globaux incluant les effets combinés de l’augmentation de la température, de la diminution du pH et de la concentration en oxygène dissous dans l’habitat marin de la crevette nordique pourraient affecter la viabilité, la rentabilité et la pérennité de cette pêcherie.

La vulnérabilité de cette espèce et sa capacité de réponse ne sont pour l’instant que très peu connues et ne permettent pas de prédire l'évolution de cette pêcherie dans un contexte de changements globaux.

• Développer des connaissances solides sur la vulnérabilité aux changements climatiques et globaux des populations de crevette nordique présentes le long du gradient latitudinal au Québec et mettre en place des prédictions de stocks;

• Dresser le portrait québécois de la pêcherie de crevette nordique et identifier les perceptions, bonnes pratiques et potentielles solutions d’adaptation face aux changements globaux;

• Aider à l’identification de solutions d’adaptation potentielles pour gérer au mieux le devenir de la ressource crevette et sa filière.

• Mesures de sensibilité individuelle de différents stocks de crevettes à l’effet combiné du réchauffement, de l’acidification et de l’hypoxie par différentes mesures physiologiques intégrées ;

• Détermination expérimentale des seuils de sensibilité de la crevette nordique aux effets isolés et combinés de la température, du pH et de l’oxygène ;

• Modélisation de la distribution et de l’abondance de la crevette nordique dans le contexte des futurs scénarios de changements climatiques et globaux aux horizons 2050 et 2100 ;

• Identification des retombées socio-économiques pour les communautés côtières des effets des changements climatiques et globaux sur la pêcherie de crevette à travers une série d’entretiens individuels, discussions de groupe et collecte de données statistiques;

• Consultation des différents acteurs impliqués dans cette pêcherie afin d’identifier de manière co-construite des stratégies de gestion et de conservation à long terme afin de répondre aux enjeux des changements climatiques et globaux ;

• Transfert et mobilisation des connaissances au sein des communautés côtières de l’Est du Canada et de la communauté scientifique.

Les crevettes adultes femelles sont particulièrement sensibles aux conditions combinées d’augmentation de température et de diminution du pH et de la quantité d’oxygène dissous à travers toute la matrice de réponses mesurées sur différents compartiments biologiques. Cependant la survie des crevettes est maintenue >60 % dans tous les scénarios et populations testés et leur qualité organoleptique et nutritionnelle n’est pas affectée.

Les différences de réponses physiologiques entre les populations testées sont faibles ; il n’y a pas de mise en évidence de la présence d’adaptations locales.

La modélisation prédit que la crevette nordique va se raréfier à proximité de la limite sud de son aire de répartition actuelle avec une diminution de l’abondance, du potentiel de capture et un déplacement de son aire de distribution vers le nord. Elle suggère également une diminution de la taille de cette espèce sur toute son aire de distribution.

Ceci serait potentiellement dû au développement ontogénique (c’est-à-dire en deux phases) plus rapide dans des conditions de températures plus chaudes, qui favorise alors une maturation sexuelle précoce aux dépens de la croissance du corps.

Figure : Figure synthétique résument la connexion entre les différents axes du projet : La pêcherie de crevette nordique au Québec comme exemple de l’importance de la multidisciplinarité, de la recherche partenariale et de la co-construction dans la discussion des solutions d’adaptation face aux conséquences des changements climatiques et globaux.

Depuis 1964, la pêche à la crevette québécoise s’est étendue depuis la zone de Sept-Îles à tout le système Saint-Laurent, en particulier dans les années 1990. Les tonnages maximaux de capture ont été observés en 2010 et depuis les totaux admissibles de capture diminuent.

Les acteurs interrogés s’accordent sur un déclin de la ressource depuis les années 2010. Selon eux, cette situation est due à une altération multifactorielle causée par le retour du sébaste, les changements climatiques et globaux ou encore la saison de pêche et le prélèvement de femelles gestantes.

La diminution des quotas de pêches pourrait mettre en danger la rentabilité des pêcheries. La relève pourrait d'ailleurs se détourner de l’activité face à cette situation difficile et incertaine.

Les pêches autochtones et non autochtones diffèrent fortement sur le plan organisationnel. Toutefois, les relations d’entraide et le sentiment d’appartenance sont très forts chez les tous les acteurs de cette pêcherie, créant une volonté commune de la gérer durablement.

Plusieurs pistes de solutions co-construites et soutenues par un maillage des données biologiques sur la ressource et des cadres de référence socio-économiques (opportunités, défis, barrières) sont envisageables :

• changement des dates de la saison de pêche ;

• diversification des activités de pêche ;

• valorisation d’un marché de circuit court et d’un terroir québécois ;

• développement d'un produit d’exception valorisable sur le marché local et international grâce à des innovations technologiques.

• Association des Capitaines

• Propriétaires de Gaspésie

• Association des Crevettiers Acadiens du Golfe

• MERINOV

• Ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation du Québec

• University of British Columbia

• Institut Maurice Lamontagne (Pêches et Océans Canada)

• Réseau canadien de recherche sur la pêche

• Institut des sciences de la mer de Rimouski