État des lieux des pêches et de l’aquaculture au Québec en lien avec les changements climatiques

Les changements climatiques affecteront les écosystèmes aquatiques ainsi que les secteurs qui en dépendent, incluant les pêches et l’aquaculture. Plusieurs études ont été réalisées sur le sujet, mais elles sont parcellaires et les résultats diffus.

Il n'existe pas de portrait complet de la situation couvrant tous les types de pêches (commerciales, récréative et de subsistance) et d’aquaculture, en eau douce et en eau salée pour le Québec. De par l’importance économique de ces secteurs au Québec, et en particulier de ses régions maritimes, il est apparu nécessaire de produire un tel état des lieux des connaissances et des expertises disponibles pour orienter l'adaptation de ces secteurs et de bien cibler les actions de recherche et développement à prioriser.

Ce portrait couvre les connaissances sur les impacts physico-chimiques des changements climatiques sur les divers types de milieux aquatiques, les espèces d'intérêts et leurs habitats.

• Produire un état des lieux des connaissances et des expertises sur les vulnérabilités, les impacts et l’adaptation aux changements climatiques des secteurs des pêches et de l’aquaculture du Québec, pour cibler la recherche et développement et les stratégies d’adaptation à développer

Sur la base d'une revue de la littérature scientifique disponible et de consultations auprès d'experts :

• Dresser un portrait biophysique et socio-économique des secteurs d’activité (pêches et aquaculture commerciales, pêche de subsistance, pêche récréative) pour les régions concernées au Québec;

• Recenser les expertises et des connaissances sur les vulnérabilités, les impacts et l’adaptation aux changements climatiques des secteurs des pêches et de l’aquaculture pertinentes pour le Québec;

• Répertorier les principales lacunes identifiées dans la littérature afin d'orienter les efforts futurs de recherche et développement appliqués.

L’état des lieux se décline en quatre parties:

1. le portrait socio-économiques des différents types de pêches et d’aquaculture au Québec;

2. les changements climatiques au Québec;

3. les répercussions des changements climatiques sur le secteur des pêches et de l’aquaculture;

4. l’adaptation de ces secteurs aux changements climatiques.

Les principaux changements climatiques observés et qui pourraient s’accentuer et affecter les eaux douces et marines du Québec sont :

• la hausse de la température de l’air et de l’eau de surface ;

• les changements dans le régime de précipitations ;

• la hausse de niveau relatif de la mer ;

• la baisse du niveau de la partie fluviale du Saint-Laurent ;

• la diminution du couvert de glace ;

• l’acidification des eaux ;

• la diminution de l’oxygène dissous ;

• la modification de la salinité.

Ces changements auront des impacts sur les espèces et la qualité des habitats aquatiques, et, par conséquent ils pourraient affecter les pêches et l'aquaculture.

Pour les activités en eau salée tels que l’aquaculture, la pêche commerciale et l’industrie de la transformation des aliments, les impacts sont notamment :

• la modification des aires de distribution des espèces en réponses aux changements physico-chimiques et à la qualité des habitats (température, salinité, oxygène dissous, etc.) ;

• des perturbations au niveau de la physiologie, du métabolisme et de la reproduction des espèces ;

• l’émergence et l’expansion d’espèces exotiques envahissantes.

Pour les activités en eau douce, telles que l’aquaculture, la pêche commerciale, la pêche récréative ainsi que la pêche de subsistance, les impacts seront notamment :

• la compétition entre les espèces indigènes et les espèces migrant vers le nord en raison des changements climatiques;

• l’émergence d’agents pathogènes;

• la perte d’habitats essentiels comme les frayères.

Les mesures d’adaptation potentielles face à ces changements sont nombreuses, mais il conviendra d'analyser leur pertinence et leur faisabilité au Québec avant de les mettre en place. En voici quelques exemples :

• la diversification des espèces pêchées afin d’éviter la surpêche ;

• l’ajustement des dates de la saison de pêche afin de limiter le stress sur les espèces à des moments critiques de leur cycle de vie (reproduction, mue, etc.) ;

• la conservation et la restauration de la connectivité entre les habitats aquatiques.

Ces mesures, tout comme la législation en place (p.ex. quotas de pêches) doivent évoluer dans le temps (gestion adaptative), considérer l’écosystème dans son ensemble (gestion écosystémique des pêches) et être adaptées aux différents cycles de vie des espèces.

Cet état des lieux identifie également des lacunes et besoin de recherche à partir d'une revue de la littérature. En eau salée les lacunes concernent par exemple la désynchronisation des cycles de vie et des cycles des nutriments, la capacité des espèces à s'adapter aux modifications de leurs habitats (par ex. acidification), l’impact des espèces envahissantes et de micro-organismes nuisibles, la modification de la qualité (nutritive et gustative) des espèces pêchées ou élevées pour n’en nommer que quelques-unes.

En eau douce, des enjeux comme les variations de température en rivières, la stratification thermique des lacs ou encore les effets des changements climatiques sur les espèces anadromes et catadromes pourraient être mieux analysés.

Cet état des lieux contribue à orienter les futures actions de recherche appliquée pour appuyer l'adaptation aux changements climatiques des secteurs des pêches et de l'aquaculture au Québec.

• Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ)