Évaluation des principaux risques climatiques pour les cultures maraîchères afin d'identifier les besoins d'adaptation

Microrafales, pluies abondantes, périodes de sécheresse, variations de température, sont quelques épisodes climatiques qui ont marqué le secteur maraîcher québécois au cours des dernières années. Certains de ces phénomènes peuvent être liés aux changements climatiques et pourraient s’accentuer au cours des prochaines décennies. Quels sont les principaux risques climatiques actuels pour la production maraîchère et comment vont-ils évoluer dans le futur ? Comment les producteurs maraîchers peuvent-ils y faire face? Quels sont les besoins d’adaptation? L’Association des producteurs maraîchers du Québec a développé ce projet pour répondre à ces interrogations qui sont jugées prioritaires pour la compétitivité du secteur maraîcher.

• Établir les besoins d’adaptation des producteurs maraîchers pour se prémunir contre les risques actuels et à venir associés aux évènements climatiques afin d’identifier les besoins d’adaptation et les diverses technologies de protection.

Une revue de de littérature et des consultations auprès des intervenants et producteurs maraîchers et d’experts en climat ont permis:

• d’identifier les principaux risques climatiques pour les cultures maraîchères au regard des évènements climatiques des dernières années et leur évolution potentielle en lien avec les changements climatiques;

• de documenter les effets et incidences de ces risques climatiques sur les cultures maraîchères;

• d’évaluer l’adéquation des outils de gestion des risques disponibles actuellement au Québec et de décrire les besoins d’adaptation.

Le principal risque climatique pour les cultures maraîchères est l’excès de pluie qui nuit notamment à l’absorption des nutriments et accroit l’incidence de la pourriture racinaire. L’excès de chaleur, le stress hydrique, les gels hâtif et tardif ou encore les épisodes de grêle ou de vent violent constituent aussi des risques importants (voir Figure 1). La plupart de ces risques demeureront préoccupants au cours des prochaines décennies. Certains, comme les épisodes de pluie intense ou d’excès de chaleur, devraient même augmenter. Du fait de l’allongement attendu de la saison de croissance, le risque de gel printanier sera devancé alors que le risque tardif sera retardé.

Certes, il existe des technologies toujours plus performantes pour atténuer les risques comme la migration vers des cultures abritées telles que les grands tunnels ou l’utilisation de filets protecteurs. Toutefois, un constat se dessine clairement suite aux entrevues réalisées avec les producteurs et intervenants : les solutions reposent avant tout sur l’observation des changements et de leurs impacts à l’échelle de la ferme et sur l’adoption de bonnes pratiques agronomiques. Plusieurs de ces méthodes sont bien connues, mais certaines semblent avoir été négligées ou délaissées pour répondre aux impératifs économiques.

Figure 1. Importance relative des indemnités versées en fonction de chaque cause climatique pour chaque sous-groupe de culture maraîchère durant la période 2004 – 2010. Source : Données de la Financières agricoles du Québec, 2011. Compilation et analyse, Forest Lavoie Conseil.

Par exemple, pour prévenir l’excès d’eau, les besoins prioritaires identifiés sont basés sur une bonne pratique de gestion des sols et de la compaction (drainage, nivellement, engrais-vert, cultures intercalaires, etc). Aussi, il faut revenir à la base : adapter, diversifier et modifier les dates de semis et de récolte; diversifier les variétés; s’assurer d’avoir un sol en santé, riche en matière organique; s’inspirer de certains systèmes utilisés en agriculture biologique qui sont plus résilients, etc.

Il est suggéré que les fermes réalisent un diagnostic des risques climatiques et, basé sur des décisions économiques, prennent des mesures d’atténuation de risque, à la fois culturales et/ou technologiques. Les gouvernements fédéral et provincial, les centres de recherche, les services-conseils et les institutions, via leurs programmes de soutien et d’assurance, ont aussi un rôle important à jouer pour accompagner les producteurs maraîchers dans cette démarche.

• Association des producteurs de fraises et framboises du Québec

• Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)