Exposition et adaptation aux incendies dans la taïga canadienne
Les approches développées pourront guider les décisions stratégiques des partenaires industriels et des communautés des régions sub-arctiques en matière de gestion du risque des feux.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
La propagation d’incendies dans les environnements aménagés à partir des massifs forestiers environnants est un phénomène de plus en plus préoccupant. Le feu catastrophique de Fort McMurray en Alberta (mai 2016) est la catastrophe naturelle la plus importante de l’histoire du Canada. Les feux de forêts sont un facteur de risque particulièrement important dans le nord de la forêt boréale et il existe un large consensus scientifique à l’effet que les superficies incendiées vont s'accroître avec le réchauffement climatique.
Objectif(s)
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Documenter la variabilité naturelle de l’occurrence des feux dans le territoire du Complexe hydroélectrique La Grande (nord du Québec);
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Cartographier les probabilités de feux pour quantifier l’exposition des infrastructures et communautés pour les années 2020 et 2049;
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L’expertise développée au Québec a été appliquée au contexte similaire du nord du Manitoba.
Méthodologie
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Un échantillonnage méthodique sur le terrain a permis de mesurer la fréquence et la taille des feux des derniers 200 ans;
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Nous avons cartographié les probabilités d’incendies sur le territoire du Complexe La Grande pour des scénarios de climats et de combustibles;
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Les cartes de probabilités d’incendies ont été comparées à la position des infrastructures pour identifier les principaux secteurs où des infrastructures et communautés pourraient être impactées par les feux.
Résultats
Le territoire du complexe La Grande se caractérise par une activité de feux très importante. Des feux d’au moins 50 km de long sont survenus régulièrement depuis au moins 1850 (Figure R1). Les taux de feux augmentent avec l’âge de la forêt, avec l’éloignement des grands plans d’eau et avec la taille des massifs de forêts matures, mais de grands feux peuvent survenir n’importe où. Le triangle de territoire délimité par les localités de Radisson, Chisasibi et Wemindji se caractérise par des probabilités de feux particulièrement élevées (Figure R2). Le risque d’interactions entre les feux et les infrastructures pourrait être beaucoup plus important si les prévisions de changement climatique se réalisent, avec environ deux fois plus de feux atteignant les infrastructures en 2049 par rapport à 2020. La carte de probabilité de feux pour le nord du Manitoba montre également un secteur avec de fortes probabilités de feux où sont concentrées plusieurs infrastructures.
Figure R1. Grande taille et fréquence élevée des feux depuis 200 ans le long d’un segment de 340 km de la route Billy-Diamond et d’un segment de 300 km de la route Transtaïga. Les années inscrites correspondent aux feux de plus de 50 km de diamètre.
Figure R2. Comparaison des cartes de probabilités de feux pour les années 2020 et 2049. Le carré blanc délimite le secteur à plus fortes probabilités de feux où sont situées les localités de Radisson, Chisasibi et Wemindji.
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Cette étude fournie des résultats importants pour aider les décideurs à gérer les risques de feux catastrophiques. Les probabilités sont extrêmement élevées que des feux importants surviennent à court ou moyen termes, particulièrement dans le secteur des localités de Radisson, Chisasibi et Wemindji.
Les infrastructures vulnérables devraient être déconnectées des grands massifs de forêts matures en coupant les conifères selon les principes « intelli-feux ». Si possible, les nouvelles infrastructures devraient être construites dans des sites moins exposés aux feux.
Une suppression généralisée de l’activité des feux mènerait au développement de grands massifs de forêts matures et à une augmentation à long terme des probabilités de feux catastrophiques.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Ce projet est financé par le gouvernement du Québec et répond aux objectifs du Plan pour une économie verte 2030.
Autres participants
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Hydro-Québec
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Manitoba-Hydro
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Service canadien des forêts
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Université Laval
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Université du Québec en Abitibi-Temiscamingue (UQAT)