Forêt s’adapter : pour le développement d’une sylviculture favorisant l’adaptation des forêts de la vallée du haut St-Laurent aux changements globaux
Le projet accroîtra la sensibilisation des aménagistes, conseillers et propriétaires forestiers locaux aux changements globaux actuels et futurs et à la gestion de l’incertitude dans la planification de leur territoire forestier.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
Au Canada, la forêt privée est située en zone rurale et y joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des paysages agro-forestiers puisqu'elle procure d'importants biens et services tant aux propriétaires des boisés qu'à leurs communautés environnantes.
Ces forêts, souvent limitées en taille et fragmentées, devront faire face à des conditions futures incertaines, voire hostiles, causées par les changements globaux. Ceux-ci peuvent inclure les changements climatiques, les polluants atmosphériques ou encore les invasions biologiques d'espèces exotiques.
Ces forçages biophysiques et biologiques occasionneront des modifications dans la composition, la structure et les fonctions jouées par ces écosystèmes, mettant en péril leur intégrité écologique et les services écosystémiques qu'ils procurent. Les propriétaires qui aménagent les forêts à des fins diverses, se trouvent démunis face à ces menaces et cherchent des solutions pour rendre leurs boisés moins vulnérables.
Objectif(s)
Développer une sylviculture favorisant l’adaptation des forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent aux changements globaux.
Démarche
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Évaluation de l’exposition et la sensibilité actuelle et future des forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent aux changements globaux (sécheresse, invasions biologiques, insectes ravageurs et pollution);
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Caractérisation de la capacité d’adaptation des forêts face aux différentes menaces liées aux changements globaux et évaluées à l’étape précédente;
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Mise en oeuvre de la sylviculture d’adaptation en employant les outils développés précédemment dans l’optique d’élaborer un portfolio d’options sylvicoles pour une approche robuste multi-trajectoire.
Résultats
Constats pour l’adaptation des forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent
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Bien que certains sites soient plus à risques que d’autres, de façon générale, les menaces des changements globaux investiguées dans le projet ont eu jusqu’à présent peu d’impact sur les fonctions et l’intégrité des forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent;
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Les forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent comportent une très grande diversité en espèces ainsi qu’en traits fonctionnels représentés par celles-ci, tant chez les arbres que chez les plantes de sous-bois (arbustes et herbaçées) leur conférant une capacité d’adaptation élevée;
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La sylviculture normalement pratiquée dans les forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent impliquant des traitements de coupe partielle permet d’intégrer facilement les concepts de renforcement de la capacité d’adaptation via la reconnaissance à une échelle fine, soit celle des arbres, de facteurs d’exposition (tel la position microtopographique) et de sensibilité (espèce, stade, statut social, vigueur) et de capacité d’adaptation (trait d’histoire de vie, trait fonctionnels de réponse aux stress des changements globaux, plasticité phénotypique).
Recommandations pour l’adaptation des forêts de la Vallée du Haut-St-Laurent
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Éviter certaines pratiques susceptibles de réduire la diversité des forêts (tel la « purification » des érablières à vocation acéricole);
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Maintenir la présence d’arbres vestiges (et des haies d’arbustes) le long des bordures de champs, surtout autour des massifs forestiers pouvant servir de connecteurs de biodiversité;
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Favoriser la rétention d’arbres en situation de monticules plutôt qu’en situation de creux lors du martelage des arbres à prélever dans les coupes partielles;
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Appliquer l’approche de « Triage d’adaptation » à l’échelle du paysage pour identifier les peuplements à risques présentant les meilleures options de renforcement de la capacité d’adaptation;
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Éviter l’utilisation excessive d’engrais azotés en marge des forêts;
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Identifier les risques d’invasions et faire un monitoring des forêts présentant déjà un envahissement par des espèces exotiques (dont particulièrement le nerprun (Rhamnus cathartica et Frangula alnus);
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Développer, en partenariat avec les conseillers forestiers, l’Agence de mise en valeur des forêts privées de la Montérégie, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, la Fédération des producteurs forestiers du Québec, une stratégie d’adaptation à l’échelle régionale faisant partie du Plan de Protection et de Mise en Valeur des Forêt Privées.
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Joindre des outils d’évaluation de l’exposition aux menaces des changements globaux et de la sensibilité des forêts à celles-ci et aider le professionnel à intégrer les notions de renforcement de capacité d’adaptation dans son diagnostic sylvicole lors de la confection de la prescription sylvicole.
Figure 1. a) La capacité d’adaptation peut être évaluée sur la base des adaptations propres aux espèces, se traduisant par des traits fonctionnels spécifiques de résistance et de résilience aux perturbations et stress (stratégie d’adaptation dite des « espèces championnes ») et sur la base de la diversité spécifique, fonctionnelle et structurale (stratégie d’adaptation dites de la « police d’assurance de la diversité ») b) Approche de triage à l’échelle de l’aménagement pour identifier les priorités d’adaptation d’un territoire aménagé et discrimination des acquis de la capacité d’adaptation selon l’étage du peuplement.
Retombées pour l'adaptation
Le projet accroîtra la sensibilisation des aménagistes, conseillers et propriétaires forestiers locaux aux changements globaux actuels et futurs et à la gestion de l’incertitude dans la planification de leur territoire forestier.
Les procédures et les outils développés dans le cadre du projet les aideront à prendre des décisions éclairées pour développer leur secteur forestier en fonction de ce contexte.
En particulier, le développement de traitements sylvicoles visant le renforcement de la capacité d’adaptation des forêts permettront d’élargir la palette d’activités d’aménagement offertes par les experts forestiers sur le territoire.
La méthodologie et les livrables du projet pourront être transférés à d’autres régions devant faire face à des situations semblables au Québec ou encore en Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Ontario.
Financeur(s)
Autres participants
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Université du Québec à Montréal
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Université Sherbrooke
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Université de Montréal