Impacts des changements climatiques et des contraintes physiques sur le coincement côtier (coastal squeeze) de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent et évaluation des mesures d’atténuation de ces impacts

Les écosystèmes côtiers sont soumis à un double stress dans les zones habitées du Canada. L'effet combiné de l'urbanisation croissante sur le bord de mer et des changements climatiques peuvent engendrer leur dégradation, et parfois même leur disparition.

Dans les zones sujettes à une accélération de la montée du niveau de la mer, des contraintes physiques, telles qu’une falaise morte (résistante à l’érosion), des infrastructures (routières ou résidentielles) sur l’arrière-côte et des ouvrages rigides de protection côtière peuvent constituer une barrière à l'ajustement naturel des écosystèmes. Ainsi, l’espace d’accommodement des écosystèmes côtiers pour migrer en est fortement réduit.

Ce phénomène de coincement côtier (coastal squeeze) va s'accélérer dans un contexte où le climat change et où le rythme de construction le long des côtes continue d'augmenter.

Photo : P. Bernatchez (UQAR)

• Évaluer l’impact de l'effet combiné des changements climatiques et des activités humaines sur l’évolution des écosystèmes côtiers dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent du Québec et du Nouveau-Brunswick pour l’horizon 2100.

• Examiner des pistes de solution permettant d’atténuer les impacts.

• Établir un portrait actuel et futur de la vulnérabilité des habitats côtiers au phénomène de réajustement des écosystèmes côtiers à l’échelle du golfe et l’estuaire du Saint-Laurent.

• Réaliser un bilan de l’évolution des écosystèmes côtiers représentatifs du golfe et l’estuaire du Saint-Laurent au cours des 50 dernières années et identifier les causes de ces changements. Identifier les services écologiques et les espèces à statut précaire pour différents écosystèmes côtiers.

• Projeter, à l’aide de modèles, l’évolution probable des écosystèmes côtiers selon des scénarios plausibles de changements climatiques et de hausse du niveau marin, en tenant compte des perturbations humaines.

Ce premier portrait de la répartition des écosystèmes côtiers à l’échelle du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent révèle que le phénomène de "coastal squeeze" est préoccupant. En effet, environ la moitié de la superficie des écosystèmes étudiés est susceptible d'être sensible au phénomène de coincement côtier d'ici l'horizon 2060. Le développement en bordure du littoral et l'augmentation de l'artificialisation des côtes ont pour effet de coincer les écosystèmes côtiers entre le cadre bâti et un niveau marin à la hausse (Figure 1).

Figure 1. Schéma descriptif du "coastal squeeze"

L’analyse rétrospective à l’échelle régionale et locale de neuf secteurs révèle une variabilité de l'évolution de la superficie des écosystèmes côtiers au cours des 50 dernières années, montrant parfois des gains ou des pertes. Dans le cas de pertes d’espaces naturels, comme des plages, des marais et des flèches littorales, les conséquences se répercutent sur les communautés côtières; d’autant plus que ces écosystèmes jouent un rôle important tant côté mer que côté terre en offrant plusieurs services écologiques bénéfiques pour le bien-être et la sécurité de l’humain, notamment celui de protection naturelle contre l'érosion et la submersion côtières (Figure 2).

Figure 2. Cascade de conséquences des changements climatiques sur le phénomène de "coastal squeeze"

Les analyses révèlent l'importance des écosystèmes côtiers qui fournissent des services écologiques pour de nombreuses espèces végétales et animales et pour les humains.

Ces écosystèmes sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques et le mode d’aménagement des zones côtières pratiqué jusqu’à maintenant s’avère très dommageable pour ces milieux très importants.

Pour contrer le "coastal squeeze" et ses impacts potentiels, l'étude recommande les mesures suivantes :

• L'identification et la protection des écosystèmes résilients situés près des zones urbaines afin de prioriser la conservation de ces sites qui risquent d’être exposés prochainement au développement urbain ce qui pourrait diminuer leur résilience;

• La préservation d'espaces de liberté permettant le déplacement des écosystèmes vers l'intérieur des terres;

• La limitation de l'urbanisation pour empêcher la construction en ruban très près du bord de mer;

• La sensibilisation de la population et des décideurs au coincement côtier;

• L’amélioration de la gestion intégrée pérenne de la zone littorale afin d’harmoniser les actions d’adaptation et de développement durable des zones côtières.

• Ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick

• Ministère de la Sécurité publique du Québec 

• Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques 

• Ministère des Transports du Québec 

• Parcs Canada

• Université de Moncton 

• Université du Québec à Rimouski 

• Université du Québec à Montréal