Adaptation aux changements climatiques au Québec: comment mieux communiquer et favoriser l'engagement de la population en contexte pandémique?
Ce projet est un premier jalon vers une intégration des connaissances en matière de communication de l’adaptation aux changements au Québec. Ces travaux serviront notamment de tremplin pour assister la recherche et le développement future et à dynamiser ce domaine d'expertise en émergence.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
L’adaptation à un climat changeant est de plus en plus urgente au Québec. Toutefois, la mise en place de telles mesures d’adaptation nécessite le soutien et la mobilisation de la population, lesquels ne sont pas toujours au rendez-vous. Pour plusieurs, les changements climatiques demeurent une question psychologiquement distante, où les risques paraissent plus importants pour les autres que pour euxmêmes. Bien que les effets des changements climatiques se fassent de plus en plus ressentir sur le territoire, la pandémie de COVID-19 est venue se hisser au sommet des programmes politiques, ce qui a renvoyé la crise climatique aux rangs inférieurs. Une communication efficace sur l’adaptation aux changements climatiques devient alors plus importante que jamais. Or, on en sait encore peu sur les stratégies de communication climatique dans un tel contexte. Le consortium Ouranos et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), dans le cadre de leur partenariat, ont ainsi lancé un appel à la communauté scientifique pour déterminer de telles stratégies pouvant être mises en place au Québec.
Objectif(s)
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Rendre compte de l’état des connaissances actuelles en ce qui concerne la communication relative à l’adaptation aux changements climatiques
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Étudier l’état psychologique de la population québécoise pendant la pandémie
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Déterminer les freins à l’engagement de la population à l’égard des défis d’adaptation climatique
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Examiner l’évolution de la communication climatique dans la presse écrite québécoise avant et pendant la pandémie
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Tester l’efficacité de deux stratégies de communication favorisant l’engagement de la population à l’égard des défis d’adaptation climatique
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Établir des recommandations afin d’améliorer les communications climatiques futures
Méthodologie
Résultats
Les travaux réalisés ont d’abord permis de démontrer que la couverture médiatique des changements climatiques dans la presse écrite québécoise a beaucoup évolué depuis l’arrivée de la pandémie de COVID-19. En effet, dans les deux années qui ont suivi le début de la pandémie, la crise climatique a été beaucoup moins présente dans l’espace médiatique ; elle a été présentée sur un ton beaucoup plus pessimiste et les articles traitant des questions d’adaptation ont connu une importante baisse. Les solutions à la crise climatique sont également abordées différemment. Par exemple, on traite davantage des modes de transport et de l’aménagement du territoire, mais on aborde moins les solutions liées à l’engagement individuel ou à l’éducation environnementale. On observe finalement que les journalistes sont plus nombreux à intégrer l’expertise ou l’opinion d’acteurs externes (comme des scientifiques) dans leurs articles.
La COVID-19 a également eu une incidence sur l’état psychologique de la population. Les résultats des enquêtes populationnelles montrent la présence d’une grande fatigue pandémique et climatique chez les Québécoises et les Québécois. La crise sanitaire semble aussi avoir fragilisé leur santé mentale, en générant de l’anxiété qui, pour certaines personnes, s’ajoute à une forme d’écoanxiété.
Par ailleurs, bien que la population soit de plus en plus convaincue de l’urgence d’agir devant la crise climatique, elle continue de percevoir une faible menace à court terme à l’échelle personnelle. En d’autres termes, les changements climatiques sont largement perçus comme des problèmes qui concernent les autres populations ailleurs au Canada ou dans le monde ou même les générations futures. À cela s’ajoute une faible littératie climatique, ce qui peut nuire à la perception des effets actuels de la crise ainsi qu’à l’anticipation des effets à venir.
Ce phénomène de distance psychologique (à la fois dans l’espace et dans le temps) est important au Québec, mais non insurmontable. Un cadrage qui met l’accent sur les répercussions concrètes et l’utilisation d’images peut aider la population à imaginer plus précisément les effets locaux de la crise climatique, ce qui, potentiellement, peut contribuer à un plus grand engagement climatique (par exemple, par le soutien de politiques publiques d’adaptation aux changements climatiques). Les résultats du présent projet de recherche ont montré l’efficacité d’un outil d’intelligence artificielle à cette fin.
Recommandations
Les recommandations s’appuient d’abord sur les bonnes pratiques de communication climatique déjà connues, ainsi que sur les différents travaux de recherche réalisés.
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Adapter la stratégie communicationnelle aux différents publics cibles, notamment au regard de leur niveau de littératie climatique ou de leur état de fatigue climatique
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Doser l’intensité des communications
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Opter pour un ton réaliste, mais optimiste à l’égard de la crise climatique
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Privilégier des messagers de confiance bien outillés
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Mieux informer au sujet de la crise climatique et des enjeux afférents
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Concrétiser les effets locaux de la crise climatique
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Privilégier la communication des solutions collectives plutôt qu’individuelles
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Doser le niveau d’engagement requis
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Miser sur la solidarité sociale
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Ce projet est un premier jalon vers une intégration des connaissances en matière de communication de l’adaptation aux changements au Québec.
Ces travaux serviront de tremplin pour assister la recherche et le développement futurs et à dynamiser ce domaine d'expertise en émergence.
Les résultats aideront à la prise de décision en termes de choix stratégiques de communication afin d’optimiser le transfert d’informations et de connaissances en changements climatiques, tout en favorisant l’engagement et l'adhésion de la population québécoise.
Publications scientifiques
Financeur(s)
Autres participants
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Institut national de santé publique du Québec
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Université Laval
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University of Toronto
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Université Sherbrooke
Projets connexes
704000