Intégration de scénarios climatiques futurs dans la planification de la conservation et de la restauration de milieux humides pour la protection de la ressource en eau de la ville de Québec

Les effets des changements climatiques se font de plus en plus importants, notamment dans les villes où l’étalement urbain engendre d’importants conflits d’usage de l’eau. À ce chapitre, les milieux humides représentent des infrastructures vertes qui assurent la régulation des cours d’eau en réduisant les débits de crue et en augmentant les débits en période d’étiage.

II apparaît alors évident qu’améliorer notre capacité à modéliser le rôle des milieux humides dans l’atténuation des effets des changements climatiques permettra d’assurer une gestion plus durable de la ressource en eau.

Ce projet se propose d’étudier les enjeux, défis et opportunités que représente une meilleure compréhension et gestion des milieux humides, à l’échelle du territoire de la ville de Québec.

• Appuyer l’élaboration des plans régionaux des milieux humides et hydriques en documentant le rôle des milieux humides dans la protection des ressources en eau de la Ville de Québec;

• Évaluer le rôle des milieux humides dans la régulation des crues et des étiages en fonction de différentes projections climatiques et d’occupation du territoire;

• Évaluer les besoins de restauration des milieux humides à l’échelle du territoire;

• Caractériser les représentations sociales des mesures de protection dédiées aux objectifs de conservation des plans régionaux des milieux humides et hydriques afin de faciliter l’application de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques.

• Évaluation des besoins en restauration des milieux humides et hydriques pour l’ensemble du territoire à l’aide de cartes et autres outils;

• Conception d’un plan de restauration pour le ruisseau Savard et la tourbière de la Base de plein-air de Sainte-Foy;

• Recommandation de seuils de conservation et de restauration à considérer dans les plans régionaux des milieux humides et hydriques à partir de seuils établis dans d’autres juridictions;

• Évaluation des représentations sociales de mesures de protection dédiées aux objectifs de conservation des plans régionaux des milieux humides et hydriques;

• Élaboration de réseaux de conservation optimisant l’apport en services écologiques, là où la demande pour ces mêmes services est maximale.

Le présent projet visait à évaluer le rôle des milieux humides dans la régulation des crues et étiages en fonction de différentes projections climatiques et d’occupation du territoire.

Les besoins de restauration des milieux humides et hydriques ont été évalués pour l’ensemble du territoire, notamment en cartographiant les plaines de débordement en fonctions des débits, en estimant la quantité nécessaire de milieux humides à restaurer afin d’atténuer l’effet des changements climatiques, ou encore en sondant directement les besoins des citoyens et experts locaux afin d’identifier les sites prioritaires à restaurer. Notre analyse montre que les quantités de milieux humides à restaurer varient grandement entre bassins versants, particulièrement en ce qui a trait aux crues.

Deux projets pilotes ont permis d’émettre des recommandations pour l’élaboration de plans de restauration spécifiques :

• Pour la base de plein air de Sainte-Foy, la tourbière ouverte a été identifiée comme la priorité de conservation due à son unicité, au fort recouvrement d’espèces indigènes de milieux humides ainsi qu’à l’absence d’espèces exotiques. 

• Pour le ruisseau Savard, nous avons identifié un scénario d’aménagement de la topographie et de la végétation permettant un écoulement continu limitant les coups d’eau. La conduite pluviale existante pourra être mobilisée pour évacuer les surplus d’eau de façon exceptionnelle, en crue, et ce moins de 10% du temps selon la modélisation.

D’autre part, une analyse comparative de différentes juridictions nous a permis de constater que l’établissement de cibles de conservations est rarement basé sur une évaluation scientifique et plutôt négocié à partir d’objectifs internationaux. L’analyse souligne également qu’il est important que les parties prenantes soient impliquées dès l’identification de sites à inclure dans un réseau de conservation et que ces sites soient évalués par une institution indépendante et/ou un organisme de supervision.

Finalement, sur le plan social, le contenu des documents officiels liés à la démarche de protection des milieux humides et hydriques a été analysé. Nous avons constaté l’absence d’orientation concernant l’évaluation de la compatibilité des schémas d’aménagement et de développement (et des règlements de contrôle intérimaire) avec les plans régionaux de milieux humides et hydriques. Aussi, confier cette évaluation aux municipalités régionales, qui sont juges et parties, semble rendre problématique l’évaluation uniforme et cohérente des plans. Un renforcement dans la mise en oeuvre de la notion d’évitement et de meilleures connaissances en lien avec la restauration et la création de milieux humides seraient nécessaires pour mener des actions efficaces.

Figure 1 : Parcelles étudiées selon les sentiers récréatifs, les canaux de drainage et la délimitation des milieux humides.

Figure 2 : Identification des besoins de conservation et de restauration - Les valeurs d’unicité (LCBD - Indice de la contribution à la diversité bêta / Local Contribution to Beta Diversity) vs coefficient de conservation moyen (C-moyen; tolérance aux perturbations) pour toutes les parcelles (n = 70). Le numéro des parcelles est indiqué sur les cercles. Les parcelles avec une unicité significative sont identifiées par des astérisques (codes de significativité: p ≤ 0.05*, p ≤ 0.01**).

Ce projet est financé par le gouvernement du Québec et répond aux objectifs du Plan d'action 2013-2020.

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