Réduire la vulnérabilité aux inondations et à l’érosion associées aux changements climatiques pour des communautés riveraines du tronçon fluvial du Saint-Laurent
Les connaissances développées ont permis aux municipalités riveraines de mieux comprendre les processus reliés à l’érosion des berges, d’identifier les zones vulnérables à cet aléa et d’avoir un portait de l’évolution possible des inondations d’eau et de l’érosion avec les changements climatiques.
Détails du projet
Responsable(s) scientifique(s)
Contexte
Les municipalités côtières et riveraines situées le long du Saint-Laurent sont exposées aux fluctuations des niveaux d'eau et à l'érosion des berges dont la fréquence et l’intensité sont affectées par les changements climatiques. Ces aléas menacent les berges, les écosystèmes côtiers, les infrastructures et les bâtiments, ainsi que la sécurité des populations.
Le projet s'inscrit dans le cadre du volet "tronçon fluvial" de la mesure 2.6 du Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC) du gouvernement du Québec qui vise à répondre aux préoccupations exprimées par les municipalités.
ll s'appuie sur une collaboration étroite avec les organismes coordonnant les TCR du territoire concerné et avec les équipes impliquées dans deux autres projets faisant partie de cette mesure du PACC. L'un d'eux, piloté par Patrick Lajeunesse de l'Université Laval, porte sur la caractérisation des rives et l'appréciation des vulnérabilités liées à l'érosion et l’autre, piloté par la Direction de l'expertise hydrique du MELCC, sur l'évaluation des zones vulnérables aux fluctuations de niveaux d'eau en climat actuel et futur.
Objectif(s)
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Documenter l’évolution probable des principaux facteurs hydro-climatiques influençant les risques naturels de fluctuations des niveaux d'eau et des processus d'érosion;
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Travailler en étroite collaboration avec les acteurs du milieu tout au long du projet pour bien comprendre l’ensemble des enjeux liés à ces deux aléas et pour identifier les besoins pour adapter les communautés riveraines aux risques d’érosion des berges et d’inondation et à leur évolution en lien avec les changements climatiques.
Démarche
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Analyse de la variabilité naturelle historique et documentation des tendances futures (2050, 2080) des principaux facteurs hydro-climatiques qui influencent les fluctuations des niveaux d’eau et les processus d’érosion des berges le long du tronçon fluvial du Saint-Laurent;
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Interactions régulières (rencontres, ateliers) avec les acteurs régionaux via une collaboration étroite avec les organismes régionaux chargés de la coordination et de l’animation des TCR: présenter les résultats des projets du volet "tronçon fluvial" de la mesure 2.6 du PACC 2013-2020, échanger sur les enjeux et identifier les besoins pour adapter les communautés riveraines;
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Suivi des liens entre les trois équipes impliquées dans le volet «Tronçon fluvial» afin d’optimiser l’échange d’information et coordonner les liens avec les acteurs régionaux (demandes d’information, présentation des résultats).
Résultats
Plusieurs facteurs hydroclimatiques influençant les processus d’érosion et d’inondation le long du tronçon fluvial du Saint-Laurent ont été identifiés, notamment les inondations liées à la crue printanière ou au rehaussement du niveau marin et à la submersion pour les secteurs influencés par les marées.
Une analyse des données historiques MERRA-2, combinées à une revue de la littérature, a permis de conclure que l’inondation de 2017 s’expliquait par des quantités d’eau (notamment pluie et pluie-sur-neige) exceptionnelles (Figure 1).
Figure 1: Quantités de pluie-sur-neige (mm) entre les mois de mars et de juin sur le bassin versant des Grands Lacs et de la rivière des Outaouais, selon la réanalyse MERRA-2.
La complexité du bassin versant du fleuve Saint-Laurent, la gestion anthropique des débits et des niveaux d’eau et la transition vers un système avec moins de neige, mais plus de pluie rend difficile l’estimation de l’impact des changements climatiques sur les inondations. Il faudra donc faire preuve de flexibilité dans la gestion du fleuve, notamment pendant la période de transition vers un climat sensiblement plus chaud.
Peu de tendances fortes sont observées pour les tempêtes provoquant de la submersion, mais la disparition graduelle de la glace de berge, ainsi que le rehaussement marin projeté dans la région de Québec, pourraient exacerber l’impact de ce phénomène sur les berges.
Les acteurs consultés ont identifié de nombreux besoins pour adapter les communautés riveraines aux risques d’érosion des berges et d’inondation que ce soit des solutions physiques (par ex. des plans d’intervention régionaux basés sur une approche concertée et coordonnée, considérer un portfolio de solutions adaptées aux spécificités locales pour stabiliser les berges, y compris la végétalisation des berges ou le maintien / la restauration de milieux humides), des outils d’aide à la décision (par ex, cartographie des zones inondables et des zones à risque d’érosion, un recueil technique des solutions), des leviers institutionnels (par ex. soutien financier aux municipalités pour mettre en œuvre des solutions, révision de l’encadrement réglementaire) mais aussi des actions pour sensibiliser ou former les élus, les professionnels municipaux et les citoyens.
La mesure 2.6 du PACC 2013-2020 a permis de répondre à certains de ces besoins. Ainsi, l'équipe du Laboratoire de géosciences marines du Département de géographie de l’Université Laval a mis sur pied une base d'information géospatiale essentielle pour l'appréciation des risques liés à l'érosion des berges du tronçon fluvial du Saint-Laurent. Elle inclut : la cartographie de la classification du rivage (types de berge et leur artificialisation), les conditions de dégradation des structures artificielles et l’état de l’érosion des segments naturels ou artificialisés. Les secteurs les plus vulnérables à l’érosion ont également été cartographiés et documentés par des fiches qualitatives imagées.
Retombées pour l'adaptation
Les connaissances développées ont permis aux municipalités riveraines de mieux comprendre les processus reliés à l’érosion des berges, d’identifier les zones vulnérables à cet aléa et d’avoir un portait de l’évolution possible des inondations d’eau et de l’érosion avec les changements climatiques.
Les données et les outils élaborés par l’université Laval les aideront à mieux intervenir en matière d’aménagement et de développement pour gérer les risques d’érosion. Ils alimenteront aussi les plans de gestion intégrée régionaux élaborés par les acteurs des quatre Tables de concertation régionales du tronçon fluvial du Saint-Laurent.
Finalement, les besoins identifiés par les acteurs locaux appuieront les orientations gouvernementales en matière de Sécurité des populations, d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement et contribueront aussi à orienter les programmes de recherche et développement.
Publications scientifiques
Tous les livrables finaux des projets réalisés dans le cadre de ce projet par Ouranos et l’Université Laval sont disponibles pour téléchargement sur les sites de Données Québec de l’Observatoire global du Saint-Laurent (OGSL)
Financeur(s)
Autres participants
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Ministère de l’Environnement et la Lutte contre les Changements Climatiques (MELCC)
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Université Laval
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Organismes coordonnant les Tables de concertation régionales (TCR) du tronçon fluvial du Saint-Laurent : Comités ZIP du lac Saint-Pierre, Les Deux Rives, Jacques-Cartier, du Haut-Saint-Laurent, des Seigneuries et la Communauté métropolitaine de Québec