Synergie : interactions entre l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques dans le secteur de l’énergie

Ce premier portrait canadien des interactions entre l’atténuation des GES et l’adaptation aux changements climatiques dans le domaine de l’énergie permet de sensibiliser les décideurs et les entreprises du secteur électrique aux interactions complexes entre les efforts d’atténuation des émissions et d’adaptation.

Détails du projet
Programmation scientifique
Programmation 2014-2019
Thématique(s) et priorité(s)
Énergie
Début et durée
Janvier 2016 • Mars 2016
Statut du projet
Terminé
 
Responsable(s) scientifique(s)
Jacinthe Clavet Gaumont
Ouranos
David Huard
Ouranos

Contexte

Les mesures prises en réaction aux changements climatiques se déclinent habituellement en deux catégories : l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’adaptation aux impacts des changements climatiques. Or, les investissements en adaptation peuvent influencer les émissions, et les efforts d’atténuation peuvent jouer sur l’exposition aux risques climatiques. Vu les contraintes de temps et de ressources disponibles pour faire face aux changements climatiques, il importe de s’assurer que les mesures d’adaptation choisies par les décideurs n’alourdissent pas le bilan des émissions.

Parallèlement, il est primordial que les mesures d’atténuation des GES ne diminuent pas la résilience aux changements climatiques. Le secteur de l’énergie étant responsable de 37% des émissions totales du Canada (25% pour les combustible fossile et 12% pour l’électricité), en plus d’être un pilier fondamental de la société, il apparait important de bien comprendre les interactions et les synergies possibles entre l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.

 

Objectif(s)

Identifier et caractériser les interactions (synergies ou conflits) entre les mesures d’adaptation et d’atténuation dans le secteur canadien de l’énergie dans le but d’informer les politiques en matière de changements climatiques et de maximiser la portée des efforts consentis.

Démarche

  • Sélection de 10 stratégies d’adaptation aux changements climatiques ou d’atténuation des GES dans le secteur de l’énergie;

  • Revue de littérature avec une attention particulière sur les exemples canadiens;

  • Synthèse des impacts sur la vulnérabilité des mesures de réduction de GES;

  • Synthèse des émissions associées aux mesures d’adaptation;

  • Évaluation des mesures selon quatre critères : fiabilité, carboneutralité, accessibilité et sécurité;

  • Révision de chaque fiche synthèse par au moins un expert canadien;

  • Tenue d’un atelier à Ouranos avec des experts pour mettre en contexte et bonifier les fiches.

Résultats

À une époque où la grande majorité du financement relié au climat est délié à l'atténuation des émissions de GES, l'intégration des enjeux d'adaptation dans les politiques d'atténuation peut réduire les risques pour les investisseurs et les communautés et ainsi réduire les coûts économiques, environnementaux et sociaux des changements climatiques. Voici un résumé des principales interactions entre adaptation et atténuation pour les 10 secteurs à l’étude. 

Énergie éolienne

La production d’énergie éolienne peut être influencée par les changements climatiques via des changements dans la distribution géographique et la vitesse des vents. Aux moyennes latitudes, la végétation plus dense aurait un léger impact négatif sur la production, tout comme la réduction de la densité de l’air avec l’augmentation des températures. En régions nordiques ou montagneuses, l’opération de parcs éoliens peut être affectée par les événements de givre, le changement de type de végétation et la fonte du pergélisol. 

Énergie nucléaire

La production d’énergie nucléaire nécessite une grande quantité d’eau de refroidissement et de ce fait les centrales sont souvent situées près de lacs ou des côtes. Les centrales sont donc potentiellement exposées aux tempêtes et aux inondations, dont la fréquence et l’intensité pourraient augmenter. De plus, pour chaque degré d’augmentation de la température de l’eau, l’efficacité des centrales est réduite d’environ 0,5%. La production des centrales peut également devoir être temporairement réduite lors de sécheresses. 

Énergie solaire

La production d’énergie solaire dépend des conditions de précipitations, d’humidité et de nébulosité, mais aussi aux événements extrêmes comme la grêle, les éclairs, les vents puissants et les températures très élevées. L’impact projeté des changements climatiques sur la production solaire reste toutefois mineur. 

Gaz naturel

L’efficacité de la production d’électricité au gaz naturel dépend de la température ambiante, et des pertes de 0.5 à 5% sont attendues pour un réchauffement de 5°C. Les risques pour les infrastructures liés à l’exploitation et le transport du gaz naturel inclus les inondations et l’érosion qui peuvent entraîner l’exposition de pipelines souterrains, ainsi que l’augmentation de la fréquence des tempêtes et des feux de forêts. La fonte du pergélisol peut diminuer le nombre de jours d’accès à certains puits nordiques. À l’inverse, les étés sans glace peuvent permettre un accès prolongé aux ressources de l’océan Arctique. 

Émission de méthane

La réduction des émissions de méthane dans le secteur du gaz et du pétrole est robuste aux changements climatiques, hormis possiblement l’augmentation de l’humidité dans l’air qui accélère la corrosion de certains types de tuyaux. Depuis une vingtaine d’année, l’industrie canadienne opère des programmes de détection et réduction des fuites et il ne semble pas y avoir d’impact sur la résilience de ce secteur aux changements climatiques. 

Infrastructures

L’adaptation des infrastructures du secteur de l’énergie est d’autant plus rentable si elle est implémentée pendant la construction initiale ou les rénovations. Selon le 4e rapport du GIEC, dans la plupart des secteurs, il est peu probable que les émissions associées à l’adaptation soient importantes. En effet, le secteur de la construction occupe une place mineure dans le bilan annuel des émissions. 

Système énergétique de quartier

Les systèmes énergétiques de quartier (district energy system) sont moins sensibles aux extrêmes météorologiques que les systèmes plus traditionnels de distribution, car les infrastructures sont majoritairement souterraines. Ces systèmes atteignent des facteurs de fiabilité de 99,999% (aussi appelé « cinq neuf ») et jusqu’à maintenant aucune interruption majeure n’a été rapportée en Amérique du Nord. La localisation des systèmes peut toutefois les rendre plus ou moins vulnérables aux inondations, tempêtes, pluies extrêmes et forts vents. 

Bioénergie

Les bioénergies en provenance de biomasse peuvent être influencées par les changements climatiques en fonction des augmentations de température, de changements aux régimes de précipitation et de l’augmentation de la fréquence des événements extrêmes. Le réchauffement permet une plus longue période de croissance et une période plus longue sans gel. Le principal impact des changements climatiques sur la biomasse forestière est l’augmentation de la fréquence des feux, des sécheresses, des tempêtes sévères et de la prolifération des insectes ravageurs. 

Stockage de carbone

Le captage et stockage de carbone augmente la consommation d’eau de refroidissement des centrales thermiques (32-93%). Cette mesure d’atténuation est donc vulnérable à l’augmentation des températures, ainsi que de la fréquence et l’intensité des sécheresses. Concernant le stockage, bien que les technologies soient relativement nouvelles, rien ne laisse présager que les changements climatiques puissent avoir un impact sur les taux de fuites. 

Instruments économiques

Différents instruments économiques sont utilisés à travers le pays pour supporter l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, incluant des taxes sur le carbone, des garanties de tarifs et un marché de droits d’émissions. D’autres approches faisant appel aux assurances ou aux obligations vertes peuvent également être employées, mais la réglementation est généralement nécessaire à l’atteinte d’objectifs ambitieux.

Retombées pour l'adaptation

Retombées pour l'adaptation

Ce premier portrait canadien des interactions entre l’atténuation des GES et l’adaptation aux changements climatiques dans le domaine de l’énergie permet de sensibiliser les décideurs et les entreprises du secteur électrique aux interactions complexes entre les efforts d’atténuation des émissions et d’adaptation.

La prise en compte de ces interactions a le potentiel de réduire les risques de maladaptation et de réduire le coût combiné des efforts requis pour réduire les émissions tout en maintenant la robustesse des infrastructures énergétiques.

Publications scientifiques

Date
Titre
Auteur
Type de document
Langue(s)
2016
Synergies: interactions between climate change adaptation and mitigation in Canada’s energy supply…
Clavet-Gaumont, J., Huard, D.
Anglais

Financeur(s)

Autres participants

  • Coop Carbone
  • IQ carbone

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