Session 5 – Infrastructures et cadre bâti
Session 5 – Infrastructures et cadre bâti
Thématique : Adaptation en villes
L’impact des changements climatiques sur la conservation du patrimoine bâti québécois
Claudine Déom, Université de Montréal, Professeur
Ornella Siger, Doctorante en aménagement, Université de Montréal
Résumé : Le patrimoine culturel fait partie intégrante des richesses des communautés. Dans ses dimensions tangibles, il inclut des objets, des bâtiments, des ensembles, des quartiers, des sites archéologiques et des paysages. Les pratiques et les savoir-faire en sont le pendant immatériel. Le patrimoine ne se limite pas à ce qui est reconnu en vertu des lois et des règlements. Des lieux peuvent être patrimoniaux pour d’autres raisons, notamment l’attachement ressenti par une collectivité à leur égard.
Lors de la 29e rencontre annuelle se déroulant à Durban en 2005, le Comité du patrimoine mondial créait un premier groupe de travail sur les impacts des changements climatiques sur le patrimoine mondial inscrit à la Liste en vertu de la Convention de 1972. Vingt ans plus tard, les menaces au patrimoine culturel ne cessent de s’accentuer par l’intensité et la répétition des aléas climatiques. Au Québec, les inondations des dernières années – dont celles en Beauce et à Baie-Saint-Paul - sont des exemples frappants de ces menaces sur les bâtiments et les paysages.
Cette proposition de présentation prendra appui sur les résultats d’un pré-projet de recherche mené à l’hiver 2024 par Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, à l’invitation du ministère de la Culture et des Communications du Québec et Ouranos. L’objectif principal était de faire brosser un portrait des principaux enjeux, risques et pistes de solution pour adapter la conservation du patrimoine culturel bâti québécois aux impacts des changements climatiques.
Considération des interdépendances dans l’évaluation des risques climatiques aux infrastructures – une approche novatrice
Guy Félio, Consultant idépendant, Conseiller Principal
Résumé : En général, les évaluations des risques climatiques aux infrastructures, par exemple en utilisant le Protocol CVIIP, identifient des risques aux actifs individuels d’un système, et souvent indiquent – sans toutefois quantifier, les effets des dépendances d’un actif par rapport à d’autres dans l’évaluation des vulnérabilités. Il en résulte que dans certains cas, les risques à un actif pourraient être sous-estimés.
Récemment (2023 – public depuis avril 2024) un Guide d’approche systémique pour la résilience des infrastructures (produit pour le ministère des Transports et infrastructures de la Colombie Britannique et Infrastructure Canada par Arcadis, et dont l’auteur faisait partie de l’équipe) présente une approche novatrice de considération des interdépendances pour l’évaluation de la vulnérabilité (et donc des risques) d’un actif dans un système.
La méthodologie sera expliquée et un exemple d’application
Analyse des variables climatiques sur les segments de routes de glace hivernales au Canada
Housseyni Sankaré, Environnement et Changement Climatique Canada, Scientifique du climat
Résumé : Au Canada, un réseau de 8000 km de routes de glace hivernales officielles joue un rôle crucial en reliant les communautés éloignées. Cependant, la tendance au réchauffement climatique devrait avoir un impact considérable sur l'utilisation de ces routes, entraînant probablement une réduction de la durée de la saison hivernale. Ce projet vise à développer des indices de facteurs climatiques dans le contexte du changement climatique afin d'aider aux efforts d'adaptation.
Pour ce faire, nous avons identifié 613 segments de routes de glace hivernales à travers le Canada et extrait des données climatiques corrigées et mises à l’échelle par la méthode multivariée (CanDSC-M6) des modèles CMIP6. Nous analyserons des variables climatiques telles que la température et les précipitations, et calculerons d'autres indices comme les degrés-jours de gel et les dates d'ouverture des routes de glace hivernales.
Cette analyse permettra de comprendre les impacts historiques et futurs du changement climatique sur les routes de glace. Les résultats quantifieront la diminution prévue de la durée de la saison des routes de glace hivernales, ce qui pourrait gravement affecter la connectivité et la vie quotidienne des communautés éloignées. Les analyses fourniront des informations cruciales pour les décisions d'adaptation et de gestion des infrastructures dans les régions éloignées du Canada. Elles contribueront à une meilleure préparation face aux défis posés par le changement climatique, assurant ainsi la résilience des communautés dépendantes de ces routes vitales.
Adaptation des opérations de maintenance routière hivernale dans les villes du sud du Québec face aux changements climatiques
Frédéric Richard, UQAM, Étudiant à la maitrise en science de la Terre et de l'environnement
Résumé : Les opérations de maintenance routière hivernale sont nécessaires afin d’assurer la sécurité des usagers et la fluidité de la circulation routière lors de tempêtes de neige ou même d’événements de pluie verglaçante. Or, les changements climatiques entraînent des répercussions sur les conditions hivernales, et par extension sur les opérations de maintenance routière hivernale. En fonction des changements climatiques anticipés, les municipalités devront modifier la planification de leurs activités en adoptant de bonnes mesures d’adaptation aux changements climatiques.
L’adaptation des mesures opérationnelles de maintenance routière hivernale est un enjeu important. Plusieurs pays nordiques ont déjà développé de nouvelles pratiques en fonction des besoins locaux, que se soit par le biais de nouvelles technologies ou par de nouvelles approches mettant en valeur la viabilité hivernale.
L’élaboration de stratégies d’adaptation efficaces doivent d’être guidées par une compréhension locale des impacts des changements climatiques sur les activités de maintenance routière hivernale au Québec. Cette recherche met en lumière les tendances climatiques historiques et projetés des conditions hivernales dans le sud du Québec. Les liens entre les changements climatiques et les opérations de maintenance routière hivernale peuvent être identifiés par l’utilisation d’un indice de rigueur hivernal.
En fonction de l’évolution des conditions climatiques et des opérations de maintenance routière hivernale évaluée par l’utilisation d’un indice de rigueur hivernal, des mesures d’adaptation aux changements climatiques sont proposées. Cette recherche sert à appuyer les municipalités du Québec dans leurs prises de décision et dans l’identification de pistes de solution face aux changements climatiques.
Algorithme d’aide à la décision pour la gestion du risque d’érosion de remblai d’infrastructures de transport linéaires dans le contexte des changements climatiques
Pascal Szeftel, BGC Engineering Inc., Ingénieur en hydraulique sénior
Résumé : Les remblais d’infrastructures linéaires telles que les routes, voies ferrées et pipelines sont traversés par de nombreux cours d’eau de caractéristiques variées. Dans le contexte des changements climatiques, certains cours d’eau généreront des risques d’érosion par surverse des remblais de plus en plus critiques. Pour prioriser les interventions sur les traversées de cours d’eau des remblais d’infrastructures linéaires, un outil a été élaboré pour identifier, inventorier et évaluer les sites à risque. A chacun des sites, l’accumulation d’eau dans le fossé en amont du remblai a été estimée de manière probabiliste par modélisation numérique, et les résultats du modèle ont été combinés avec ceux d’un modèle conceptuel de vulnérabilité des remblais à l’érosion hydraulique. Un programme informatique flexible, évolutif et reproductible a été créé et testé sur deux subdivisions de la Compagnie des Chemins de Fer Nationaux du Canada, totalisant plus de 520 km de voies ferrées, pour évaluer le risque d'érosion hydraulique des remblais. L’étude comprenait une évaluation automatisée du risque d’érosion hydraulique de remblai pour les conditions climatiques actuelles et futures (incluant les changements climatiques à l’horizon 2080) pour environ 700 sites inventoriés le long de ces deux subdivisions. Pour le cas d’étude, les résultats de l'évaluation ont montré qu’en conditions actuelles seulement 23% des sites représentaient 90% du risque et que le profil de risque augmentait de 57% et de 82% suivant la subdivision entre les conditions actuelles et futures, permettant une priorisation éclairée des interventions.