Session 17 - Transition énergétique
Session 17 – Transition énergétique
Thématique : Économie et énergie
Les nécessaires transformations des bâtiments pour assurer leur résilience énergétique et climatique au Québec
Stéphanie Lopez, Coordonnatrice - Bâtiment et ville durables, Vivre en ville
Élise Ménard, Conseillère - Bâtiment durable et énergie, Vivre en Ville
Résumé : L’électrification des bâtiments est au cœur des politiques énergétique et climatique québécoises. Sous l’effet du remplacement progressif des systèmes de chauffage aux combustibles fossiles par l’électricité, les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage des bâtiments diminuent. Le Québec est ainsi en bonne voie d’atteindre son objectif sectoriel de réduction des émissions de GES d’ici 2030.
Mais le parc immobilier québécois est énergivore et ce malgré des politiques publiques en efficacité énergétique. Qui plus est, la demande en électricité des bâtiments ne cesse d’augmenter en raison de l’électrification et de l’accroissement du nombre de ménages et des surfaces habitées. Or, l’état et la saturation du réseau électrique, d’autant plus aggravés sous l’effet des changements climatiques, ont un impact négatif sur l’électrification et la résilience électrique des bâtiments. Les futurs règlements issus de la nouvelle Loi sur la performance environnementale des bâtiments permettront-ils de réduire la pression de l’électrification des bâtiments sur le réseau électrique? Au-delà de la résilience énergétique, exigeront-ils une meilleure prise en compte de la résilience climatique des bâtiments dont la fonction première est d’offrir un abri sûr aux activités humaines?
Cette présentation abordera les transformations nécessaires des bâtiments et des pratiques sectorielles pour faire face aux enjeux de ce siècle. De la rénovation profonde du parc immobilier au rehaussement des normes de construction en passant par la résilience et l'adaptation climatique des bâtiments, cette présentation permettra de renforcer le volet bâtiment des plans climat en cours d’élaboration par les municipalités québécoises.
De la vulnérabilité à la résilience : l'adaptation des infrastructures énergétiques aux changements climatiques
Alex Bigouret, Ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l’Énergie, Conseiller stratégique en hydrogène
Résumé : Les manifestations extrêmes des changements climatiques s’intensifient et se multiplient (mégafeux, inondations, sécheresses, ouragans, glissements de terrain, etc.). Les conséquences de ces évènements ont des répercussions dramatiques sur de nombreuses vies humaines, mais aussi sur les infrastructures, notamment énergétiques. Tout en devant redoubler d’efforts pour atténuer les émissions de GES, il devient aussi aujourd’hui crucial de concevoir et d’adapter les infrastructures de production, de transport et de distribution énergétiques afin de faire face aux évènements climatiques.
La présente conférence a pour objectif de caractériser les risques climatiques auxquels sont exposées les infrastructures énergétiques, qu'elles soient fossiles ou bas-carbone, mais aussi les mesures d'adaptation à mettre en œuvre pour améliorer leur résilience à l'ère des changements climatiques.
Variabilité climatique et diversité des occupants : Impact des changements climatiques sur la consommation d'énergie et le confort thermique des différents types d'occupants
Marie-Pier Trépanier, Université Laval, Étudiante au doctorat en génie mécanique
Louis Gosselin, P.Eng., Ph.D, Universite Laval
Résumé : Les effets des changements climatiques devenant plus perceptibles, l'industrie doit anticiper les performances futures des bâtiments et garantir leur résistance face aux événements climatiques extrêmes et au réchauffement. Des fichiers de données météorologiques sur le climat futur ont été développés pour les simulations énergétiques. Intégrés dans les simulations, ils aident à évaluer la consommation et le confort futurs avec différents niveaux de confiance. Les performances réelles en matière d'énergie et de confort varient en fonction des occupants (occupation, température de consigne, demande d'eau chaude, d'électricité, ouverture des fenêtres, etc.). En prenant en compte cette variabilité, il est possible d'obtenir des distributions de performances attendues. Cette étude examine comment différents profils d'occupants seront affectés par les changements climatiques en termes de consommation d'énergie et de confort thermique dans les bâtiments résidentiels. Un modèle calibré de comportement des occupants est combiné avec un modèle énergétique de bâtiments à Québec. Les simulations permettent d'obtenir des distributions de probabilité de consommation d'énergie en fonction de l'utilisation du bâtiment par les occupants. Cette approche est répétée avec différents scénarios climatiques pour observer l'évolution des distributions de consommation et de confort avec les changements climatiques. Ce travail aide à comprendre comment une diversité d'occupants peut être affectée par les changements climatiques, guidant ainsi les décideurs politiques dans la conception de réglementations et de codes appropriés, tout en indiquant comment les occupants pourraient modifier leur comportement en réponse aux changements climatiques.
La transition énergétique autodéterminée et innovante de la nation Atikamekw Nehirowisiw : le projet de bioénergie La Tuque (BELT)
Fabienne Rioux-Gobeil, Australian National University, Étudiante au doctorat
Résumé : Nous disposons aujourd’hui de la technologie nécessaire pour atteindre nos objectifs de carboneutralité. Cependant, d'importants obstacles sociaux et politiques demeurent. Certaines nations autochtones proposent des projets d’énergie renouvelable innovants, leur permettant non seulement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de renforcer la sécurité énergétique et le pouvoir d’autodétermination de leurs communautés. Les particularités de ces projets semblent présenter d’inspirantes pistes de solutions aux barrières politico-sociales de la transition énergétique.
Dans le cadre de cette présentation, je poserai la question suivante : comment pouvons-nous décoloniser la transition énergétique et promouvoir les initiatives autochtones autodéterminées, innovantes et durables ? Le projet de bioénergie (BELT) des Atikamekw Nehirowisiwok constitue un excellent exemple d'initiative proposant des avantages environnementaux, socioéconomiques et politiques. Ce cas sera exploré via 5 axes : impacts socioéconomiques, opportunités d’autodétermination, territorialités, écosystème d’acteurs et finalement, contribution à la transition énergétique globale.
La nation atikamekw nehirowisiw joue un rôle crucial dans la transition énergétique en agissant comme une forteresse face au puissant lobby forestier. Le rapport au territoire des Atikamekw influe sur leur motivation à affirmer leur souveraineté, à s’opposer au lobby forestier et à protéger leur territoire ancestral. Le rôle de forteresse est une source de fierté pour le peuple atikamekw, car il permet la mise en œuvre de projets d'énergie renouvelable dans un environnement défavorable. L’existence d’une telle forteresse encourage aussi la création d’un climat de confiance pour les investissements, contribuant à l’établissement de nouveaux partenariats et au développement socioéconomique de la nation.
Les enjeux de la décarbonation de l'énergie aux villages nordiques du Nunavik
Tommy Chagnon-Lessard, Université Laval, Professionnel de recherche
Jean Rouleau, Professionnel de recherche
Résumé : Les 14 communautés Inuit du Nunavik ne sont pas reliées au réseau électrique principal de la province; l’électricité y est donc desservie par des centrales alimentées au diésel alors que les bâtiments sont chauffés par des chaudières au mazout. La région dépend ainsi entièrement de combustibles fossiles importés du sud, qui causent fréquemment des déversements en plus d’avoir une forte empreinte carbone. La décarbonation du Nunavik est ainsi souhaitable pour la population locale.
Cette présentation offrira la cartographie des besoins et enjeux de recherche sur la transition, la décarbonation et l’autonomie énergétique du territoire nordique québécois. Cette cartographie se base d’abord sur une revue de la littérature scientifique et des documents produits par divers organismes. Cette analyse identifie les angles morts de la recherche actuelle sur la décarbonation du Nunavik. Pour compléter la revue de la littérature, les grandes lignes résultant d’une douzaine d’entrevues semi-dirigées menées auprès de différents acteurs locaux seront résumées. Ces entrevues cherchaient à comprendre les projets, les perceptions, les préoccupations et les aspirations des parties prenantes interrogées par rapport à la transition énergétique. Les enjeux fréquemment mentionnés incluent les nouveaux besoins en climatisation, les effets des changements climatiques sur les infrastructures énergétiques (fonte du pergélisol, tempêtes plus fréquentes et intenses), le raccordement au réseau électrique principal, et le désir d’électrifier le chauffage des bâtiments. Malgré les bénéfices engendrés par la transition énergétique, certaines décisions peuvent perpétuer ou créer des problèmes et des injustices, comme les pertes d’emplois ou le manque d’expertise pour entretenir les nouvelles technologies.
Eco Energie 360: Contribuer à l'amélioration de la performance énergétique la décarbonation des actifs municipaux partout au Québec
Julie Martel, Fédération québécoise des municipalités, Coordonnatrice - performance énergétique et décarbonation
Résumé : Il existe de nombreuses barrières à la mise en œuvre des projets d’efficacité énergétique et de décarbonation pour les municipalités, particulièrement chez celles de petite et moyenne taille : l’ampleur des investissements devant être consacrés par une municipalité pour ce genre de projets, le manque d’expertise technique et financière au sein des municipalités en sont les principales. S’ajoutent à cela, dans de nombreux cas, la disponibilité des ressources à l’échelle locale ou régionale, la complexité de développer et mettre en œuvre de tels projets répartis dans un grand nombre de bâtiments ainsi que celle reliée à l’utilisation optimale des subventions disponibles.
Le programme Eco Energie 360 mis en place par la FQM, en collaboration avec la SOFIAC, vise à permettre à toutes les municipalités du Québec de réaliser des travaux de décarbonation et de performance énergétique sur leurs actifs municipaux, sans investissement de leur part ni impact sur leur endettement total net à long terme. L’initiative permet que le remboursement du coût des travaux et services requis pour atteindre une meilleure efficacité énergétique, et ainsi réduire les émissions de GES, se fasse à partir des économies financières résultant de gains réalisés en économies d’énergie.
Le gouvernement du Québec a demandé à toutes les municipalités de se doter d’un plan de lutte contre les changements climatiques complémentaire au Plan pour une économie verte 2030. La rénovation des infrastructures municipales et l’amélioration de leur performance énergétique sont des actions concrètes qui contribuent à l’effort collectif demandé.