Impact des changements climatiques sur l’environnement maritime et côtier du Nunavik : synthèse des connaissances
Ce nouvel outil référentiel regroupe et synthétise les avancées scientifiques sur les changements probables des aléas hydroclimatiques et peut servir à la planification et l’aménagement plus sécuritaire des littoraux et anticipation des risques potentiels.
Détails du projet
Responsables scientifiques
Contexte
Les changements climatiques ont été très marqués sur le littoral du Nunavik entre 1987 et 2016. Durant cette période, les températures ont augmenté pour toutes les saisons. En hiver, la hausse est la plus forte, 1,5°C par décennie. Quant aux précipitations totales, elles ont augmenté de 3% par décennie sur toute la région, depuis les 50 dernières années.
Conscient des bouleversements majeurs qui affectent les environnements côtier et maritime au Nunavik, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a équipé plusieurs communautés nordiques d’appareils de mesures et a soutenu plusieurs études portant sur les impacts des changements climatiques entre 2009 et 2020.
Ces études ont permis d’affiner les connaissances sur les changements probables des principaux aléas hydroclimatiques (niveaux d’eau, conditions de glace, tempêtes et vagues) susceptibles d’endommager les milieux côtiers naturels et anthropisés. Afin de faciliter l’accès aux récents résultats et d’assurer un transfert efficace de ces connaissances, les résultats ont été regroupés dans un ensemble d'outils synthèses d’aide à la décision.
Photo : Réseau CAIMAN
Objectif(s)
Informer et sensibiliser les décideurs face à l’importance de la prise en compte des changements climatiques dans les processus de planification et d’aménagement territorial, d’entretien ou de construction afin de renforcer leurs capacités d’action face aux aléas hydroclimatiques.
Démarche
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Élaboration d’une synthèse des connaissances vulgarisées, de cartes régionales et locales et de tableaux synthétiques (faits saillants des études, changements futurs sur l’intensité et la récurrence des aléas hydroclimatiques et exemples pour guider la prise de décision sur l’adaptation durable des infrastructures côtières);
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Élaboration d’une synthèse technique, qui apporte des précisions sur les méthodes et les incertitudes des résultats des études présentées;
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Révision par des relecteurs scientifiques et un comité d'usagers;
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Conception d’un dépliant d’information et d’une présentation qui résument les faits saillants de la synthèse : en français, en anglais et en inuktitut;
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Transmission des faits saillants aux professionnels, aménagistes et élus municipaux.
Résultats
La formation des glaces plus tardive en automne et leur disparition plus hâtive au printemps auront pour conséquence d’allonger la période sans glace de six semaines à deux mois. La période pendant laquelle les glaces de rive et de mer sont instables sera aussi allongée.
Sur les littoraux d’Ivujivik à Kangiqsualujjuaq, les concentrations de glace pourraient être réduites à 40 et 60% au mois de décembre, pour devenir quasiment absentes entre Ivujivik et Inukjuak à l’horizon 2040-2070. Les niveaux d’eau extrêmes hauts et bas qui pouvaient être atteints une fois en 100 ans pourraient l’être deux fois en 100 ans vers la moitié du XXIe siècle.
Pour la plupart des côtes du Nunavik, il pourrait y avoir des surcotes de maximum 1 mètre (Figure 1) et des décotes de même ordre de grandeur que dans le passé récent. Cependant, le relèvement isostatique au Nunavik pourrait compenser ce rehaussement du niveau marin global et plusieurs sites (surtout dans la baie d’Hudson) connaitraient une baisse ou une stagnation du niveau marin moyen relatif d’ici à la fin du XXIe siècle, diminuant par le fait même l’effet des surcotes.
Les impacts des niveaux d’eau extrêmes bas sur les côtes pourraient cependant être plus importants par l’addition des décotes extrêmes et la baisse du rehaussement du niveau marin global.
Figure 1 : Niveaux extrêmes des surcotes pour la période de 1980-2009 et leurs variations pour les horizons 2040-2069 et 2070-2099, au Nunavik
Figure 2 : Types et périodes d'acquisition de données dans les communautés du Nunavik
Les quatorze communautés inuites, localisées le long du littoral, où la possibilité d’occurrence d’un aléa est forte, sont potentiellement à risque (Figure 2). Les connaissances sur les aléas climatiques et les autres facteurs qui influencent la vulnérabilité et les risques des milieux maritimes et côtiers du Nunavik forment déjà une base sur laquelle la mise en œuvre de solutions peut s’appuyer.
Déjà des actions pour réussir l’adaptation en milieu nordique se multiplient, tels que des normes de construction spécifiques au Nord et des programmes de sensibilisation pour faciliter la compréhension des changements climatiques et des mesures pour réduire les risques sont mis en œuvre.
Si, certains défis de connaissances demeurent, la présente synthèse des connaissances montrent qu'il existe suffisamment d'information sur les risques climatiques pour la région pour prendre des décisions plus éclairées et réduire l'ampleur des conséquences potentielles pour la sécurité des population et les infrastructures construites le long de la côte.
Retombées pour l'adaptation
Retombées pour l'adaptation
Ce nouvel outil référentiel regroupe et synthétise les avancées scientifiques sur les changements probables des aléas hydroclimatiques et peut servir à la planification et l’aménagement plus sécuritaire des littoraux et anticipation des risques potentiels.
Le portrait prospectif et l’identification des lacunes permettent d’orienter et mieux cibler les efforts supplémentaires à consacrer en matière de recherche afin d’approfondir les connaissances et appuyer plus adéquatement l’adaptation des zones côtières du Nunavik.