Ouranos tient à féliciter Jérémie Boudreault INRS), récipiendaire de la bourse Réal-Decoste 2022, pour son projet de recherche sur l’estimation des coûts de la chaleur extrême dans un contexte de changements climatiques avec des approches de la science des données.
Résumé du projet de recherche
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit qu’avec les changements climatiques, nous verrons une augmentation dans le nombre, l’intensité et la durée des événements climatiques extrêmes comme les épisodes de chaleur extrême. Ces événements peuvent avoir des impacts considérables sur la santé. Par exemple, la vague de chaleur de 2003 en Europe a fait jusqu’à 70 000 morts et celle de 2010 au Québec a causé 280 décès et 3400 admissions à l’urgence supplémentaires.
Bien que les impacts de la chaleur extrême sur la santé soient bien documentés, les coûts de ces événements n’ont été que très peu étudiés jusqu’à présent. Par exemple, aucun modèle pour les coûts de la chaleur extrême n’a été proprement construit : seules des statistiques descriptives ont été utilisées. Avec l’augmentation prévue de ces événements dans le futur, il devient donc nécessaire de s’attaquer à cette problématique.
Ce projet propose le développement de nouvelles approches pour estimer les coûts de la chaleur extrême qui permettront de fournir des estimations plus précises et exhaustives par rapport à ce qui a été produit jusqu’à ce jour. D’abord, les occurrences sanitaires (décès, admissions à l’urgence, hospitalisations, accidents de travail, etc.) liées à la chaleur extrême devront être correctement prédites. Les modèles existants seront revus et corrigés. Par exemple, l’ajout de nouvelles variables météorologiques et l’introduction des modèles d’apprentissage automatique seront susceptibles de mieux prédire les occurrences sanitaires.
Puis, pour estimer les différents impacts financiers de la chaleur extrême, différents modèles de coûts seront bâtis. Un modèle pour le coût des hospitalisations en fonction des caractéristiques des patients et de la météo sera construit. Un autre modèle sera développé pour le coût des réclamations d’accidents de travail liés à la chaleur.
Finalement, le besoin en personnel lors des épisodes de chaleur extrême sera aussi modélisé. Ces modèles seront inspirés des modèles actuariels, mais adaptés au contexte de la chaleur extrême. Encore une fois, des approches plus avancées comme l’apprentissage automatique seront aussi explorées. Une fois les modèles construits, ils seront utilisés conjointement pour estimer les coûts actuels totaux de la chaleur extrême, mais aussi pour prévoir ces coûts dans le futur. Par exemple, l’effet des changements climatiques sera analysé avec les plus récents modèles climatiques disponibles pour différents scénarios d’émissions et horizons de temps. Finalement, pour obtenir des coûts futurs réalistes, d’autres changements comme ceux démographiques et socioéconomiques seront aussi considérés dans les estimations futures.
Les estimations des impacts sanitaires et économiques de la chaleur extrême qui seront produites dans ce projet permettront d’exposer aux décideurs la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’investir dans des mesures d’adaptation efficaces dès maintenant afin de limiter les conséquences de la chaleur extrême dans un contexte de changements climatiques. Finalement, les modèles nouvellement développés dans le contexte de la chaleur extrême pourront être adaptés à d’autres variables et appliqués dans d’autres régions du monde.