Climat post-2100 : Des données clés pour le secteur minier
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Se doter d’une vision à long terme devient nécessaire pour s’adapter au climat en changement. Toutefois, à l’heure actuelle, la majorité des projections climatiques s’arrêtent à l’horizon 2100, laissant en suspens les infrastructures et les secteurs qui doivent anticiper l’évolution des aléas climatiques à très long terme. 

C’est dans ce contexte qu’un projet exploratoire mené par Ouranos, en collaboration avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), a été mis sur pied. Celui-ci vise à développer des scénarios climatiques au-delà de 2100 pour l’adaptation d’infrastructures minières. 

Une application clé pour le secteur minier

La fermeture des sites miniers constitue l’une des principales vulnérabilités de ce secteur face aux changements climatiques. Lorsque l’exploitation d’une mine prend fin, des structures permanentes, appelées ouvrages de restauration, sont mises en place pour restaurer le terrain et limiter les potentiels impacts écologiques, comme la génération de drainage minier acide.

Qu’est-ce que le drainage minier acide?

Le drainage minier acide survient lorsque les résidus miniers génèrent de l’acidité au contact de l’air et de l’eau, entraînant une augmentation des contaminants métalliques dans l’environnement à proximité. 

Des conséquences potentiellement désastreuses pour les écosystèmes et les communautés à proximité peuvent en découler.

mine manitou val dor


Photographie du site minier Manitou près de Val-d'Or (QC) contaminé par un drainage minier acide (DMA) (tiré de : Dimech, 2018).

Bien que divers types d'ouvrages de restauration soient employés, leur exposition constante aux conditions climatiques exige une conception tenant compte des projections à long terme. Cette approche est cruciale et permet de limiter les risques associés aux aléas climatiques. Des facteurs comme l’intensification des précipitations ou l’augmentation de la fréquence des sécheresses doivent être intégrés aux stratégies de gestion des ouvrages de restauration pour prévenir la dégradation et la pollution des sites.

Dans le cadre de ce projet, différents scénarios climatiques post-2100 seront produits afin d’aider les gestionnaires de sites miniers à anticiper l’évolution du climat et à adapter leurs infrastructures aux futures conditions climatiques. Trois études de cas seront réalisées pour démontrer l’utilité de ces scénarios. Les résultats du projet seront utiles à d’autres enjeux exigeant une planification à long terme, comme l’approvisionnement en énergie et la gestion des zones côtières.

Pour en apprendre plus sur le projet de recherche Scénarios climatiques post-2100 - Études de cas dans le secteur minier :


Les défis de la production de données post-2100

La difficulté à produire des données fiables au-delà de 2100 explique pourquoi la plupart des scénarios climatiques s'arrêtent à cet horizon. Les obstacles techniques et scientifiques sont considérables, tels que :

  • La fiabilité des projections : Plus on avance dans le temps, plus l’incertitude augmente. Les modèles climatiques décrivent la réponse de la Terre aux scénarios de gaz à effet de serre (GES), mais il est difficile de projeter quelles seront les concentrations de GES dans 200 ou 300 ans, voire plus. Celles-ci dépendent des efforts de réduction des émissions de la société humaine et de l’efficacité des puits de carbone.

  • La disponibilité des scénarios climatiques : La majorité des simulations climatiques s’arrêtent en 2100. Seules certaines simulations s’étendent jusqu’en 2300, notamment celles concernant les scénarios de très basses émissions (SSP1-2.6) et d’émission très élevées (SSP5.8-5). Il manque donc actuellement des scénarios climatiques intermédiaires pour offrir un éventail de données plus nuancées.  

  • Les coûts et ressources : Chaque année supplémentaire de simulation climatique entraîne des coûts de calcul et de stockage de données faramineux.

Des projections climatiques plus lointaines grâce à CMIP7

La septième phase du protocole expérimental de simulations climatiques CMIP (ScenarioMIP-CMIP7) suggère que les simulations s’étendent minimalement jusqu’en 2150. Elle propose également que des scénarios d’émissions soient développés jusqu’en 2500, notamment pour étudier les processus lents liés au changement climatique. On s’attend ainsi à ce que, d’ici quelques années, la communauté scientifique dispose de bien plus de données pour étudier l’évolution du climat au-delà de 2100.

Le projet exploratoire d’Ouranos et de l’UQAT s’inscrit donc dans la visée de la communauté scientifique internationale : produire des données climatiques à très long-terme pour mieux anticiper et s’adapter aux changements climatiques. 

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