Les événements extrêmes, tels que la pluie verglaçante, les feux de forêt et les vents violents, rendent le secteur de l’électricité vulnérable. Ces phénomènes climatiques entrainent des dommages considérables, représentant un défi majeur des changements climatiques au Québec et au Canada. Une démarche d’adaptation est donc de mise.
À l’échelle canadienne, les organisations responsables du secteur électrique ont rapidement pris conscience de cette réalité. Plusieurs entreprises, dont Hydro-Québec, ont d’ailleurs élaboré des stratégies pour définir leurs objectifs et leurs actions en matière d’adaptation aux changements climatiques.
Néanmoins, l’évaluation d’une telle démarche soulève de nombreuses questions :
Les solutions d’adaptation implantées atteignent-elles les résultats escomptés?
Réduisent-elles les risques pour nos collectivités?
Ciblent-elles les populations et les territoires les plus vulnérables?
L'établissement de systèmes de suivi robustes des mesures d’adaptation aux changements climatiques implantées s’avère donc essentiel pour assurer la résilience climatique. Un projet pancanadien novateur aborde cette question.
Vers un système de suivi de l’adaptation du secteur électrique
Les entreprises du secteur de l’électricité disposent d’une quantité impressionnante de données, d’indicateurs et de normes pour assurer la fiabilité de leurs infrastructures. Le défi est d’utiliser ces outils pour mieux évaluer et suivre l’adaptation aux changements climatiques.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet de recherche Tracking adaptation progress in the Canadian electricity sector. Ce projet, financé par Ouranos en 2024 et lancé en collaboration avec Hydro-Québec, Ontario Power Generation et Manitoba Hydro, a pour objectif de :
Approfondir la compréhension scientifique de la manière dont le suivi et l’évaluation de l’adaptation contribuent à la gouvernance de l’adaptation et à la réduction des risques
Élaborer un système de suivi et d'évaluation de l'adaptation pour le secteur canadien de l'électricité en phase avec les meilleures pratiques et les mandats émergents en matière de divulgation des risques climatiques
Faire progresser les connaissances concernant l'évaluation de l'adaptation dans les processus de planification et de prise de décision des entreprises
Concrètement, un système prototype de suivi et d’évaluation de la démarche d’adaptation aux changements climatiques du secteur de l’électricité découlera de ce projet. Celui-ci permettra d’améliorer la résilience énergétique, mais aussi d’informer la mise en œuvre de ce genre de processus pour d’autres secteurs d’infrastructures critiques confrontés aux défis climatiques.
Un suivi efficace permet non seulement d'évaluer les progrès, mais aussi d'ajuster les mesures d’adaptation mises en place en fonction des résultats obtenus. Ultimement, cela assure une plus grande résilience de nos collectivités et de nos économies.
S’inspirer d’acteurs internationaux
En phase de démarrage, le projet Tracking adaptation progress in the Canadian electricity sector vise également à s’inspirer d’acteurs internationaux en réalisant une revue de littérature sur les politiques et pratiques de déclaration des risques.
Certains pays précurseurs comme le Royaume-Uni et la Norvège ont déjà développé des outils sectoriels incluant des indicateurs quantitatifs. Basés sur des enquêtes et des groupes de discussion, ces outils permettent de mieux comprendre les perceptions et les expériences relatives à la mise en œuvre des mesures d’adaptation.
Au Canada, quelques entreprises du secteur de l’électricité ont également commencé à travailler sur l’adaptation. Toutefois, le suivi des mesures implantées n’en est qu’à ses débuts, ce qui limite la capacité d’évaluer l’efficacité à long terme.
Pourquoi est-ce complexe de mesurer l’adaptation?
Le principal défi du suivi et de l’évaluation des mesures d’adaptation s’explique par les dimensions multiples de cette approche :
L’hétérogénéité des données complique l’établissement d’indicateurs standards.
La temporalité parfois longue des bénéfices de l’adaptation rend difficile l’évaluation immédiate.
L’absence de standardisation limite la comparabilité des résultats à plus grande échelle.
L’interdépendance des facteurs socio-économiques, environnementaux et technologiques complexifie la mise en place d’indicateurs spécifiques.
À titre de comparaison, l’atténuation aux changements climatiques est beaucoup plus facile à mesurer, en raison d’indicateurs quantifiables et universels comme la concentration de CO2.