El Niño s’additionne dangereusement aux changements climatiques
Publié le
Contenus

En mai 2023, les météorologues ont signalé la formation d’un épisode El Niño. Ce phénomène, qui perturbera les conditions météorologiques mondiales, amplifiera fort probablement l’élévation mondiale de la température liée aux changements climatiques qui est déjà présente. 

Cette année, El Niño s’est formé un à deux mois plus tôt que la moyenne des épisodes précédents, lui donnant davantage de temps pour se développer. Les scientifiques redoutent que ce nouvel épisode atteigne des niveaux exceptionnels, entrainant, avec une quasi-certitude, la probabilité que la période 2023-2027 devienne la plus chaude jamais enregistrée sur Terre sous l’effet combiné d’El Niño et du réchauffement climatique. Généralement, El Niño entraine une augmentation des températures mondiales dans l’année suivant son apparition, ce qui correspond, dans ce cas-ci, à l’année 2024. 

De plus, les experts craignent fortement que la température moyenne annuelle à la surface de la planète pour chaque année entre 2023 et 2027 soit supérieure de 1,1 à 1,8 °C à la moyenne de la période de référence de 1850-1900, qui correspond à l’ère préindustrielle. Par conséquent, les projections indiquent que le seuil psychologique de 1,5 °C spécifié dans l’Accord de Paris soit dépassé de manière temporaire et de plus en plus fréquemment. 

L’arrivée d'un nouvel épisode d’El Niño, dont l’intensité se confirmera cet automne, rappelle donc l’importance et l’urgence de renforcer les efforts collectifs régionaux, nationaux et mondiaux pour réduire les émissions de GES et s’adapter aux effets des changements climatiques.  

>> Suivez l'évolution d'El Niño

Comprendre le phénomène

El Niño est un phénomène climatique naturel qui se produit périodiquement dans l’océan Pacifique et exerce une grande influence sur les régimes climatiques dans différentes régions du monde. Il correspond à la phase chaude d’un cycle irrégulier appelé ENSO (El Niño/Southern Oscillation), qui englobe El Niño et La Niña. 

Ce cycle est caractérisé par des changements dans plusieurs variables du système atmosphère-océan présentes dans le Pacifique équatorial, tels que la température de la surface de la mer, les précipitations et le régime des vents. Il se produit en moyenne tous les deux à sept ans et ses épisodes durent généralement de neuf à douze mois. 

La mécanique complexe du phénomène El Niño rend difficile la prédiction de la puissance et de l’intensité de ses épisodes. On sait cependant que les effets ne se font pas sentir de la même manière d’une région à l’autre et que l’hémisphère Sud est, de façon générale, plus touché. 

De juin à août, on prévoit du temps plus chaud et sec, notamment en Australie, en Indonésie et dans plusieurs parties de l’Amérique du Sud, ce qui pourrait entraîner de graves sécheresses. À l’inverse, de décembre à février, certaines régions de la Corne de l’Afrique, du sud-est de l’Amérique du Sud et du sud des États-Unis pourraient connaître un climat plus humide et une hausse des précipitations (figure 1). 

Ces conditions météorologiques extrêmes peuvent, notamment, entraîner la destruction des récoltes à l’échelle mondiale et augmenter les risques d’inondations, touchant les populations vulnérables dans différentes parties du monde. 

Au Canada, un épisode d’El Niño peut avoir tendance à adoucir l’hiver dans l’ouest du pays. Le phénomène n’a cependant que peu d’influence au Québec. 

figure 1

Figure 1 : Les impacts d'El Niño entre décembre et février (carte du haut) et entre juin et août (carte du bas). Source : Climate.gov

 

Influence des changements climatiques

L’influence des changements climatiques sur ENSO demeure difficile à quantifier, tel que le rapporte le dernier rapport d’évaluation du GIEC. Il est cependant pratiquement certain que l’ENSO demeurera le mode dominant de variabilité interannuelle dans le futur. De ce fait, la variabilité des précipitations régionales sera considérablement accrue d'ici la seconde moitié du 21e siècle. 

Liens d'intérêt
Plus de nouvelles
Un nouveau superordinateur pour Ouranos
COP29 : Renforcer les collaborations internationales pour l'adaptation climatique
Portraits climatiques dévoile 3 nouveaux découpages spatiaux et plus de 20 indicateurs climatiques supplémentaires
button back to top