Étiages et sécheresses hydrologiques
L’intensification des périodes d’étiages due aux changements climatiques menace la disponibilité et la qualité de l’eau, compromettant divers usages anthropiques et nuisant aux écosystèmes aquatiques.
Dans le sud du Québec, des épisodes de manque d’eau ont déjà été observés et ont entrainé des conséquences, telles que :
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Une difficulté d’approvisionnement en eau de surface et en eau souterraine pour plusieurs municipalités et résidents détenant des puits privés
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L’augmentation des coûts de traitement de l’eau notamment en raison de la diminution des facteurs de dilution
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Des interdictions d’usages extérieurs de l’eau
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Une difficulté d’irrigation pour des producteurs agricoles
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Diverses conséquences pour le nautisme
Ce projet documente, analyse et projette les conséquences des manques d'eau sous l'angle de leurs effets en cascades sur le bien-être des populations humaines et des écosystèmes.
Selon le projet CASCADES, en l’absence d’adaptation ou d’anticipation dans la gestion intégrée de la ressource en eau, l’ensemble des conséquences déjà vécues lors de ces épisodes antérieurs de manque d’eau sera exacerbé dans les prochaines décennies. L’impact sera particulièrement marqué dans les basses terres du Saint-Laurent, touchant de plein fouet le sud du Saint-Laurent (soit la Montérégie, l’Estrie, le Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches).
Qualité de l’eau
Pendant les périodes d’étiage, la capacité de dilution des contaminants des rivières et des lacs peut devenir insuffisante en raison d’un débit d’eau moindre. L’étiage peut donc résulter en une contamination de l’eau parce que la charge polluante des rivières et des lacs demeure la même en dépit d’un volume d’eau réduit.
Par ailleurs, les étiages plus sévères combinés à la hausse des températures favorisent la croissance des algues et des cyanobactéries, augmentant le risque de contamination des puits, des prises d'eau potable, des plages, des habitats fauniques et floristiques, ainsi que d'autres environnements.
Approvisionnement en eau potable
La baisse de la disponibilité et de la qualité de l’eau découlant des étiages plus sévères peut affecter la capacité de captage des prises d’eau et engendrer des coûts pour adapter les systèmes de production, de traitement et de distribution de l’eau potable pour certaines municipalités.
Impacts sur les écosystèmes
Les conséquences les plus préoccupantes des étiages sévères pour les écosystèmes sont liées à la réduction de la qualité de l’eau et les modifications de l’habitat du poisson. En effet, l’altération des paramètres physico-chimiques de l’eau tels que l’augmentation de la température, la réduction de l’O2, et la variation du pH naturel des cours d’eau, peuvent avoir un impact sur les espèces aquatiques. Combinés à l’augmentation des phénomènes d’eutrophisation, tous ces facteurs sont susceptibles de modifier profondément la richesse biologique des cours d’eau et de générer des débalancements importants dans les populations aquatiques.
Impacts sur les autres usages anthropiques
La sécheresse hydrologique et les étiages augmenteront également la pression sur l’approvisionnement en eau pour diverses activités économiques telles l’agriculture, l’industrie, le tourisme, la navigation, la production d’énergie, etc. Les changements climatiques pourraient aussi affecter la demande en eau à la hausse pour ces mêmes secteurs précisément aux moments où les niveaux d’eau sont les plus bas.
Par exemple, la sécheresse peut contraindre les agriculteurs à limiter leurs activités d’irrigation des cultures, ce qui diminue leur rendement. Ils peuvent aussi se tourner vers des sources d’eau alternatives, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires et engendrer des contraintes pour les exploitations agricoles. Des enjeux pour l’abreuvement du bétail peuvent également apparaître.
Ce projet de recherche a fourni une première estimation des impacts économiques potentiels des bas niveaux du fleuve Saint-Laurent sur six secteurs d’activités importants, soit les services écologiques, le transport maritime, la production hydroélectrique, le tourisme, l’eau potable et les propriétés riveraines. Ce projet a du même coup permis le développement d’expertises et de collaborations autour des enjeux et défis de l’adaptation aux bas niveaux d’eau du Saint-Laurent.
Disponibilité de l’eau et conflit d’usage
La baisse de la disponibilité de l’eau pourrait augmenter les contraintes et complexifier la gestion des différents usages de l’eau dans la province. À la longue, cette situation pourrait accroître la tension entre les divers usagers de l’eau.
Les projets RADEAU 1 et 2 ont été financés par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC 2013-2020). Ils ont notamment permis de valoriser et de structurer des données existantes utilisées pour catégoriser le bilan hydrique de 11 régions en climats actuel et futur. Ils proposent également des recommandations pour l'élaboration de stratégies d’intervention afin d'atténuer ou d'éviter des conflits d’usage de l’eau à l’échelle du Québec agricole.