Enjeux des changements climatiques sur les peuples autochtones

Dossier spécial

Les changements climatiques exercent des pressions significatives sur les Premières Nations et Inuit au Québec (PNI), en affectant notamment les infrastructures et les activités culturelles et de subsistance, ainsi que la santé physique et mentale des peuples autochtones. 

Bien que les impacts varient selon les régions géographiques et les modes de vie spécifiques de chaque collectivité, des tendances communes émergent à travers les observations réalisées par les PNI. Il est à noter que ces impacts se recoupent avec d'autres enjeux majeurs auxquelles les PNI sont confrontés, comme les effets de la colonisation. 

À ce sujet, rappelons que la colonisation a, entre autres choses, entrainé :

  • la création de réserves autochtones, souvent dans des zones exposées aux aléas climatiques, 

  • la réduction des territoires ancestraux, limitant les activités de cueillette, de chasse et de pêche 

  • la perte de pratiques culturelles.

 
Infrastructures et déplacements

Les changements climatiques posent des défis majeurs en matière d’infrastructures, de déplacements et d’accès au territoire tant pour les communautés autochtones que pour les Allochtones. Les PNI sont confrontés à des défis qui sont caractérisés par leur mode de vie, par les modes de gestions des infrastructures et par les retombées de la colonisation. Par exemple, la localisation et les limites de plusieurs réserves autochtones se trouvent en zones inondables. 

La figure suivante présente un survol de la diversité des impacts sur l’infrastructure au Québec :

 

Figure 2 : Représentation des grands impacts sur les infrastructures dans quatre grandes régions du Québec, ainsi que des peuples qui y sont confrontés.

Accès au territoire et sécurité des déplacements

Certaines communautés autochtones habitant les régions nordiques doivent repenser les routes d’hiver. Historiquement et encore aujourd’hui, elles utilisent les routes de glace pour effectuer leurs déplacements, ainsi que pour pratiquer leurs activités traditionnelles et de subsistance. 

Pour les communautés inuites du Nunavik et plusieurs communautés des Premières Nations, la réduction de la durée de la saison froide et du couvert de la glace rend plus difficiles l’accès à certaines zones du territoire. Cette nouvelle réalité met en péril la sécurité des chasseurs et de toute autre personne utilisant ces routes pour se déplacer en hiver.

Évacuations et relocalisations

Face à des événements extrêmes qui tendent à gagner en fréquence, en durée et en intensité, certaines communautés autochtones sont plus à risque d’être déplacées ou relocalisées. 

Les feux de forêt touchent d’ailleurs de manière disproportionnée les communautés autochtones résidant dans les régions du centre et du nord du Québec, lesquelles sont des territoires boisés reculés, où survient plus souvent ce type de phénomène. Par exemple, lors de la saison historique de feux de forêt au Québec en 2023, la Nation W8banakiak (Abénaki) a enregistré plus de 10 000 personnes évacuées dans 13 communautés, sur un total d’un peu plus de 38 000 personnes évacuées au Québec. 

Au-delà des évacuations engendrées, les incendies de forêt de 2023 ont également transformé de façon spectaculaire les territoires des Premières Nations. Les terrains de chasse des Nations Eeyou/Eenou (Crie) et Anishnaabe, situés en zone boréale, ont été particulièrement touchés.

Systèmes alimentaires et activités de subsistances

Les PNI au Québec constatent des changements significatifs dans les conditions saisonnières, ce qui perturbe les écosystèmes et altère les pratiques traditionnelles de subsistance, telles que la chasse, la pêche et la cueillette. Ces pratiques, ancrées depuis des générations, sont cruciales pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire des peuples autochtones. 
 

Chasse

Les chasseurs et les trappeurs notent des changements dans le comportement et l’aire de répartition de certaines espèces vers le nord du Québec, tandis que d’autres, comme le caribou, deviennent moins abondantes sur les territoires. 

Les activités de chasse et de trappe sont aussi perturbées par les feux de forêt. Par exemple, lors de la saison 2023 des feux de forêt au Québec, plusieurs cabines de chasse et lignes de trappe ont brûlé sur le territoire. La majorité d’entre elles n’avaient pas d’assurance et l’accès à ces cabines s’est avéré parfois très difficile en raison des dommages occasionnés par les feux.
 


 

Pêche

La saison de pêche est grandement écourtée en raison des dangers reliés à la minceur de la glace et aux coups d’eau pouvant emporter les cabanes de pêche. Les connaissances traditionnelles sur la sécurité de la glace se perdent et les générations plus jeunes ne savent pas reconnaître les endroits sécuritaires. Certains membres des communautés autochtones ont aussi observé un déclin dans la qualité des poissons consommés dans les communautés. 


 

Cueillette

Au sud de la province, la récolte de petits fruits est réduite, tandis qu'au nord, la densification des arbustes nuit aux variétés moins adaptées à l'ombre. Plusieurs membres des communautés ont également fait état de la disparition ou de l’assèchement des plantes médicinales sur leur territoire, en raison des températures plus élevées et des périodes sans précipitations plus longues.

 

Art et pratiques artisanales

Les pratiques artisanales de certaines communautés doivent également être adaptées aux changements climatiques. Par exemple, la production de panier de frêne traditionnel des communautés Mi’gmaq, Kanien’kehà:ka (mohawks) et W8banakiak (abénakises) est maintenant menacée par l’agrile du frêne, dont la présence est favorisée par un climat plus chaud. 

 

Santé et mieux-être

Plusieurs des impacts des changements climatiques sur la santé s’entrecoupent entre les allochtones et les autochtones. Cependant, il est important de noter la vulnérabilité particulière des peuples autochtones en raison de leur proximité avec l'environnement et les ressources naturelles, leur dépendance à celles-ci et le fait que leurs territoires ont tendance à se trouver dans des régions touchées par un réchauffement climatique qui s’accélère. 

Les impacts directs et indirects des changements climatiques sur la santé physique et le bien-être de ces communautés sont profonds et interreliés, exacerbant les inégalités socioéconomiques et les iniquités en santé déjà présentes.  La santé mentale peut également être affectée, notamment par des perturbations au mode de vie, telles que la chasse et la pêche. 

Les impacts des changements climatiques sur la santé physique et mentale varient entre les communautés autochtones et entre les membres de ces communautés. Cette réalité appelle à davantage de recherches et de mesures d’adaptation respectueuses des cultures, qui prennent en compte les besoins spécifiques des peuples autochtones. 

 

Apprenez-en plus sur les enjeux des changements climatiques sur la santé des Autochtones au Canada.

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