Érosion et submersion côtières
L’érosion et la submersion côtières sont des phénomènes auxquels sont déjà confrontés les communautés côtières du Québec : une étude réalisée en 2013 relevait que 50 % des côtes situées à l’est de la ville de Québec présentaient un risque d’érosion côtière, tandis que 43 % d’entre elles étaient potentiellement à risque de submersion.
Dans les régions les plus touchées, soit le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, des études ont enregistré un taux de recul moyen de 0,37m/an entre 2000 et 2023.
Cependant, le taux de déplacement de la côte peut varier d’une région à l’autre en raison de sa composition. Les taux d’érosion sont par exemple plus élevés dans la région de Chaudière-Appalaches compte tenu de la prédominance de côte de dépôt meuble par rapport à la région de la Gaspésie, où la présence de côtes rocheuses est plus importante.
L’érosion et la submersion côtières peuvent également se produire de façon soudaine. Dans certains cas, des taux de recul de la côte allant jusqu’à plusieurs mètres peuvent être observés pour un seul événement.
À la suite du passage de la tempête post-tropicale Fiona en septembre 2022, un recul de près de 18 mètres de la plage a été enregistré dans la baie de Plaisance aux Iles-de la Madeleine. Une surcote d'au moins 1,22 mètres accompagné de vagues de 6 à 8 mètres ont engendré de la submersion côtière à plusieurs endroits lors de cette onde de tempête.
Définition | Surcote
Une surcote fait référence à une hauteur d'eau qui excède le niveau attendu de la marée lors d'une onde de tempête.
L’influence des facteurs anthropiques sur les aléas côtiers
Bien que les observations sur le terrain enregistrent depuis plusieurs années des reculs de la côte et des débordements côtiers, il est difficile de déterminer dans quelle mesure l’érosion et la submersion côtières sont attribuables uniquement aux changements climatiques ; d’autres facteurs telles les activités humaines exercent une influence sur ces aléas climatiques.
Le coincement côtier
La présence d’infrastructures comme les routes, les bâtiments, les murets et les enrochements situés près de la côte constituent des barrières rigides entravant la dynamique naturelle des écosystèmes côtiers. Ce « coincement côtier » fait référence à un phénomène par lequel un écosystème côtier est coincé entre une montée des eaux, qui cause l'érosion du bord de mer, et un obstacle naturel ou artificiel.
Par exemple, la présence de structures de protection rigides à proximité des écosystèmes côtiers entraîne un déficit de sédiments et bloque leur déplacement à l’intérieur des terres. Cette conséquence du coincement côtier se traduit par une dégradation, voire une disparition progressive des plages et des marais.
D’ici 2060, on estime que 25 % de la superficie des plages et des marais pourraient disparaître, si aucune mesure n’est mise en place pour limiter les impacts du coincement côtier. Ces milieux naturels sont importants puisqu’ils assurent une protection côtière naturelle aux aléas côtiers en atténuant les risques d’érosion et de submersion.
L’effet de bout
Certains types d’aménagement côtier peuvent entraîner une accélération de l’érosion aux extrémités des structures.
Ce phénomène que l’on appelle « effet de bout » fait référence à la perturbation de la dérive littorale causée par une structure rigide de protection, telle qu’un muret, empêchant l’énergie des vagues de se dissiper. Cette énergie se concentre et provoque l’érosion des terrains adjacents à la structure.
L’influence des facteurs climatiques sur l’érosion et la submersion côtières
Les observations indiquent que les changements climatiques contribuent déjà à l’accroissement de la fréquence et de l’intensité de l’érosion et de la submersion côtières au Québec.
Il existe plusieurs phénomènes climatiques qui expliquent cette tendance, notamment la diminution du couvert de la glace, la hausse du niveau de la mer, les changements dans la fréquence et l’intensité des ondes de tempête, le déplacement de saisonnalité et l’augmentation des événements de gel-dégel.
La diminution du couvert de glace
Au Québec, la diminution du couvert de glace sur le fleuve Saint-Laurent est l'un des principaux facteurs qui exacerbent l'érosion et la submersion des côtes. Depuis les années 1990, on observe une réduction notable de ce couvert qui joue pourtant un rôle crucial en tant que barrière physique contre l'érosion provoquée par les vagues en hiver.
En 2024, un record a été atteint : moins de 10 % de la surface du Saint-Laurent a été couverte de glace, soit le niveau le plus bas des 50 dernières années. Cette tendance qui semble se maintenir expose davantage les côtes aux ondes de tempête.
La hausse relative du niveau du niveau de la mer
Le Québec ne fait pas exception à la hausse du niveau marin observée à l’échelle mondiale et estimée à 3,2 mm par an entre 1993 et 2015.
L’élévation du niveau de la mer se produit à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale dans le sud du golfe du Saint-Laurent. Aux Îles-de-la-Madeleine, le niveau de la mer a monté de 4,3 mm par an en moyenne entre 1964 et 2014, ce qui s’explique par le contexte glaciaire de la région.
Ainsi, pour l’ensemble des régions du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent, la hausse du niveau de la mer contribue à accentuer l’érosion graduelle des côtes et à augmenter l’intensité des débordements côtiers lors d’onde de tempête.
Des ondes de tempête plus dévastatrices sans couvert de glace
Bien qu’il soit difficile d’établir des tendances quant à l'intensité et à la fréquence des tempêtes au Québec en raison de la variance d’une décennie à l’autre, l’effet combiné de la diminution du couvert de glace et le passage d’ondes de tempête contribuent à accentuer les épisodes érosifs et de débordements côtiers.
La tempête du 16 décembre 2016 a coupé la route 132, isolant pendant près de trois jours le village de La Martre en Gaspésie. Cet événement, survenu en période hivernale lorsque le couvert de glace était anormalement faible, témoigne de la sévérité des impacts des ondes de tempêtes frappant des côtes sans couvert de glace.